Pyrénées: internement
d'un SDF suspect de crime cannibale
Des
gendarmes à Nouilhan le 15 novembre
2013
La justice a ordonné vendredi l'internement d'un SDF délirant soupçonné d'avoir mangé le coeur et la langue d'un homme de
90 ans qu'il avait tué sauvagement
dans un village des Pyrénées
parce que des voix le lui auraient
intimé.
Le jeune homme
de 26 ans, qui a aussi brisé l'épaule d'un autre homme et volé un fusil de chasse au cours
de son équipée dans le
village de Nouilhan (Hautes-Pyrénées)
jeudi soir, a été interpellé par les gendarmes.
Mais ses
auditions ont tourné court:
devant l'état de santé
mental du sans-abri, qui dit
avoir "obéi à un
message d'origine supérieure"
selon le parquet et qui était
en plein "délire
mystique" au moment des faits selon son examen psychiatrique, le procureur de
Tarbes a décidé son hospitalisation
d'office.
Une autopsie,
qui sera pratiquée lundi à
Toulouse et dont les résultats
sont attendus le jour même, devra confirmer ou non la réalité de ses déclarations aux enquêteurs. Mais "les constatations faites sur place montrent que c'est tout à fait
possible", a dit à la presse
le procureur Chantal Firmigier-Michel.
Répondant à "des voix, des messages qu'il recevait et qui lui disaient d'agir ainsi" selon ses dépositions, le SDF, natif de Tarbes mais revenu dans la région il y a seulement
quelques jours, s'est introduit vers 20 heures chez sa première victime.
Pendant trois jours, il avait erré entre Pau et Tarbes sans manger et peut-être sans dormir. Selon le procureur, "c'est le hasard qui l'a mené
vers cette maison et cette victime", dans une grande bâtisse
à la sortie d'un village isolé de 200 habitants à une demi-heure de Tarbes.
Dans une
grange, il s'est emparé d'un outil métallique allongé et, sans crier
gare, "a fracassé le crâne du nonagénaire de plusieurs coups", a indiqué une source proche de l'enquête.
Un bûcher improvisé
Toujours selon
ses déclarations auxquelles "il y a lieu de croire", il a improvisé un bûcher, mis le feu au corps et en a extrait le coeur et la langue
pour les faire cuire et les manger, a ajouté cette source présente sur les lieux, décrivant une scène terrible.
A-t-il vraiment
commis ces actes ? Les constatations "permettent de dire qu'il y a une plaie au coeur;
c'est sûr qu'il a tenté d'extraire
le coeur", a dit le procureur. Quant à la langue, cela
pourrait être le bout de viande retrouvé dans une assiette
avec des haricots tarbais. Mais
l'autopsie et les expertises
devront le confirmer.
Ayant quitté
les lieux, le SDF s'en est pris peu
après, toujours sans prévenir,
à un homme qui livrait des céréales avec un tracteur. Frappée elle aussi
avec un objet en métal, la victime
a eu l'épaule brisée, mais est
parvenue, avec un témoin, à
mettre en fuite son agresseur.
Celui-ci est
alors entré dans une autre
propriété. Il a été mis en fuite par les aboiements des chiens et l'intervention du propriétaire
des lieux mais il est parvenu à s'emparer d'un fusil.
Vers 23h00, les dizaines de gendarmes mobilisés l'ont interpellé, marchant le long de la route avec son arme.
L'individu était "très calme, pas agressif", a dit le procureur. Il n'a exprimé ni remords,
ni regrets.
Selon de premières investigations,
il n'avait aucun lien avec ses victimes. Il n'avait apparemment pas d'autre antécédent judiciaire qu'une conduite en état alcoolique.
Le suspect interné, le
parquet se laisse le temps à présent
d'ouvrir une information judiciaire. Le suspect devrait être ensuite mis
en examen, mais un collège d'experts devra dire si sa
volonté était totalement abolie au moment de ses actes.
Dans le village quasiment désert vendredi, les habitants tombaient
des nues en apprenant les faits perpétrés durant la nuit. "On ne sait rien, on ne sait pas qui c'est", a dit une restauratrice.
"Je ne vous dirais que des bêtises, je ne
sais rien", abondait
Henri Treille, un voisin presque immédiat du nonagénaire qu'il connaissait. "Je l'ai appris par téléphone d'un collègue d'un autre
village".