Le burkini
– débat autour d’une mode controversée
Une séquence
pédagogique prête à l’emploi autour d’une thématique qui ne laisse pas
indifférent.
Le burkini:
synthèse des mots “burqua” et “bikini”, un maillot de bain qui couvre la
totalité du corps féminin, dédié aux femmes musulmanes, est apparu dans la
nouvelle collection du magasin britannique mondialement connu Marks and
Spencer. Je suis tombée sur un article décrivant le phénomène il y a une
semaine (vous trouverez le lien dans le pdf plus bas). L’affaire a vu le jour
fin mars (je suis rarement suffisamment attentive pour être à jour avec tout ce
qui se passe), et comme j’ai une élève qui voyage souvent à Londres, je me suis
dit: voilà le sujet idéal de conversation à partir du niveau B1. Aussi idéal
qu’épineux… En effet, on a un peu ri de la mode et de ses excès, mais
finalement on est restées un peu désemparées face à la thématique qui mélange
la religion, l’argent, les droits des femmes, le gros business. Voilà une
séquence pour mener un débat qu’on pourra qualifier de plusieurs adjectifs,
mais on ne l’appellera jamais banal. Tout est dans la fiche que vous trouverez
ci-dessous.
La mode
"pudique" a le vent en poupe. Après la firme japonaise Uniqlo et sa récente commercialisation de
voiles islamiques (hidjabs) dans sa boutique londonienne, c'est au tour de la
chaîne de magasins anglaise Marks & Spencer de lancer son tout premier burkini,
néologisme né de "burqa" et de "bikini". Disponible en
ligne pour 62,95 euros, la tenue bleue à motifs floraux garantit "couvrir
l'ensemble du corps à l'exception du visage, des mains et des pieds, sans faire
de compromis sur le style". Légère, elle permettrait aux consommatrices
concernées de nager à l'aise.
La mise
en vente sur le site de M&S de cette "combinaison de bain trois
pièces" a suscité une avalanche de commentaires déplaisants, allant
jusqu'à l'appel au boycott. "Désolé, M&S, mais vous venez de perdre un
client de longue date", "Par pitié, n'encouragez pas ces bêtises en Angleterre", "Et moi qui
croyais vivre dans un pays chrétien…" comptent parmi les critiques acerbes
signées des résidents du Royaume-Uni. En France,
où ce type de vêtement est souvent pointé du doigt, le débat fait également
rage. La ministre des Droits des femmes en personne a fustigé l'essor du style
vestimentaire islamique favorisé par certaines enseignes de distribution.
"Lorsque des marques investissent ce marché […] parce qu'il est lucratif,
elles se mettent en retrait de leur responsabilité sociale et font, d'un
certain point de vue, la promotion de cet enfermement du corps des
femmes", a souligné Laurence Rossignol mercredi au micro de RMC .
L'homme
d'affaires Pierre Bergé lui donne également raison. L'ex-compagnon d'Yves Saint
Laurent a lancé dans la foulée un appel aux créateurs impliqués : "J'ai
toujours cru qu'[ils] étaient là pour embellir les femmes, pour leur donner la
liberté, pas pour être complices de cette dictature", a-t-il entre autres
asséné sur les ondes d'Europe 1. Pour la créatrice Agnès b., l'épineux sujet
mérite réflexion. Interrogée par Le
Parisien, la styliste estime que la question a trait au religieux autant
qu'à la mode : "Il y a un côté obscène à proposer des tenues pour des
femmes riches dans des pays où certaines fuient les bombes avec leur voile de
fortune sur la tête. Moi, je n'en ferai jamais."
Le plus
grand distributeur de prêt-à-porter du Royaume-Uni emboîte en fait le pas au
géant suédois H&M. Dans un spot publicitaire mis en ligne début septembre,
une jeune femme musulmane aux cheveux recouverts d'un foulard bicolore se
démarquait des autres mannequins. "Il n'y a pas de règle dans la mode,
sauf une : recyclez vos vêtements", énonçait alors la griffe pour
promouvoir sa campagne écologique. Un coup de pub réussi qui avait valu au
modèle, originaire du Maroc, une pluie d'éloges sur les réseaux sociaux. Côté
haute couture, la maison
italienne Dolce et Gabbana s'était
jetée à l'eau en janvier avec une ligne de hidjabs et d'abayas (robe islamique
modeste, NDLR), clou du spectacle de la collection printemps-été 2016.