Philippe Meirieu Professeur en sciences de l’éducation à
l’université Lumière-Lyon 2
Ne pas s’en tenir à l’usage paresseux des
notes que nous connaissons aujourd’hui
10 septembre 2012, 12:24
Il faut, tout d’abord,
évidemment, distinguer « notation »et « évaluation ». La notation n’est qu’une
modalité d’évaluation, parmi bien d’autres ; elle est apparue assez récemment
et, sous sa forme « canonique »française (la note sur 20),
Il faut, tout d’abord, évidemment, distinguer « notation »et « évaluation
». La notation n’est qu’une modalité d’évaluation, parmi bien d’autres ; elle
est apparue assez récemment et, sous sa forme « canonique »française (la note
sur 20), reste assez rare dans le monde.
Sur la notation, nous disposons de nombreux travaux de docimologie : tous
ces travaux sont convergents et montrent le peu de fiabilité d’une note (les
écarts sont considérables d’un correcteur à l’autre et, aussi, selon le rang de
correction chez un même correcteur ; les notes varient en fonction des
informations dont le correcteur dispose sur l’élève qu’il note, etc.).
De plus, on peut légitimement s’interroger sur la manière dont on manipule
les notes : quelle logique permet-elle d’additionner des notes portant sur des
exercices différents, a fortiori de considérer qu’un 12 en physique peut
rattraper un 7 en histoire ?
Par ailleurs, sur le plan purement statistique, nous savons aujourd’hui que
la note sur 20 incite très fortement les enseignants à reproduire
systématiquement la courbe de Gauss (dite « courbe normale »)qui place un tiers
des élèves entre 4 et 8, un tiers entre 8 et 12 et un tiers entre 12 et 16.
Cette tendance est si forte qu’on observe que, même si tous les élèves d’une
classe ont un même niveau en début d’année scolaire, il suffit d’un trimestre
pour qu’ils se répartissent « naturellement » sur la courbe de Gauss.
Enfin, il faut dénoncer le caractère particulièrement laxiste de la
notation : dans trop de cas, un mauvais devoir est payé d’une mauvaise note et
l’on en reste là, sans vraie perspective de progression.
Mais, autant la notation traditionnelle est discutable, autant une
évaluation précise et rigoureuse est nécessaire. C’est un droit pour l’élève et
une condition pour sa dynamique d’apprentissage. Pour évaluer, on peut utiliser
les notes, mais il faut, alors, prendre des précautions élémentaires. Pour ma
part, je note toujours deux fois : une première fois quand on me rend la copie
et en assortissant ma note de trois conseils pour améliorer le travail, une
deuxième fois après que l’élève ou l’étudiant a retravaillé son devoir. Et
c’est, bien évidemment, la deuxième note que je retiens.
Mais on peut aussi évaluer en se passant des notes. La pédagogie
institutionnelle utilise, en primaire, le système des « ceintures de judo »: il
y a différents niveaux dans différents domaines et l’élève est invité à passer
la ceinture de niveau supérieur quand il se sent prêt. Dans l’enseignement
supérieur, on a beaucoup utilisé les « unités de valeur »ou « unités
capitalisables » : c’est une très bonne formule car cela permet une personnalisation
des parcours et une modularisation des enseignements. On pourrait parfaitement
l’utiliser dans l’enseignement secondaire et, même, faire passer le
baccalauréat ainsi : on obtiendrait l’examen par combinaison d’unités de
valeurs acquises selon un rythme adapté à chacun et sans redoublement inutile.
Au total, la question de l’évaluation renvoie à la fonction que nous
voulons donner à l’institution scolaire : trier ou faire progresser. Selon le
choix que nous faisons, nous utiliserons différemment l’évaluation. Si l’on
veut que l’école fasse progresser les élèves, il faut repenser l’évaluation...
et ne pas s’en tenir à l’usage paresseux des notes que nous connaissons
aujourd’hui.
Le Camarguais
L'élitisme existe et c'est heureux
06 septembre 2012, 19:04
Rien de bien nouveau chez les socialistes.
Déjà dans les années 80 lorsque le PS détenait l'exécutif, les non-qualifiés
étaient considérés comme les victimes de leur origine sociale. Les socialistes
ont alors voulu modifier les critères du [...]
Rien de bien nouveau chez les socialistes. Déjà dans les années 80 lorsque
le PS détenait l'exécutif, les non-qualifiés étaient considérés comme les
victimes de leur origine sociale. Les socialistes ont alors voulu modifier les
critères du choix ainsi que les matières sur lequel il portait pour le
remplacer par on ne sait quelle évaluation subjective du potentiel
intellectuel, manuel, technique, de chaque adolescent. Le rapporteur, après
avoir condamné l'élitisme de la formation qui résulte de la suprématie de l'enseignement
des mathématiques, a regretté que "nombre de lycées fonctionnent à coup de
notes et de conseils de classe et que les examens soient la clef de voûte du
système". Ces regrets manifestement insuffisants étaient de surcroît
fâcheusement démagogiques. Ce débat n'est donc pas nouveau. Il y a toujours eu
des notes et je souhaite que cela continue ainsi. La démagogie n'a pas sa place
à l'école.
Véronique
Servat
La réflexion ne doit pas se limiter aux notes,
il faut repenser l'évaluation
06 septembre 2012, 14:50
Cela fait
effectivement quelque temps que le système scolaire est pointé du doigt sur la
question des notes. Trop stigmatisantes pour certains, masquant des consignes
de corrections fantaisistes et ultra-valorisantes pour d'autres, la notation
[...]
Cela fait effectivement quelque temps que le système scolaire est pointé du
doigt sur la question des notes. Trop stigmatisantes pour certains, masquant
des consignes de corrections fantaisistes et ultra-valorisantes pour d'autres,
la notation du travail des élèves doit être questionnée.
Fondamentalement, opter pour une notation par lettres, ou par smileys (pour
les systèmes la version la plus infantilisante) ou par couleurs ne change pas
grand chose. Que le travail d'un élève reçoive 5 mauvaises notes sur 20 ou 5
lettres D consécutives c'est un peu du pareil au même.
Du côté des professionnels de la profession, depuis la loi Fillon sur le
socle commun des compétences et connaissances, le collège en particulier, est
entré dans un double système de notation : celle classique par les notes, et
celle de la validation de compétences par un système d'acquis/non acquis. Cela
appelle plusieurs remarques:
- à multiplier les évaluations et les formes de notations, enseignants et
élèves finissent par étouffer dans cette "évaluationnite" aiguë. On a
l'impression de ne plus faire que ça, et l'importance que prend l'évaluation
finit par imposer une vision de l'apprentissage et de l'enseignement très
utilitariste.
- parmi les compétences évaluées, il y en a un certain nombre qui relèvent
de ce qu'on appelle les "savoir être". Il y a alors un glissement de
la focale qui s'opère car alors on n'évalue plus le travail de l'élève mais sa
personnalité, ses goûts et sa capacité à se conformer à un comportement
prescrit (par exemple on demande au prof d'histoire-géo-éducation civique de
valider dans le pilier 7 la compétence "respecter des comportements
favorables à sa santé et sa sécurité ou encore dans une autre partie la
sensibilité de l'élève face à une oeuvre d'art--sous entendant ainsi qu'on ne
peut rester indifférent devant l'une d'entre elles).
Il y a donc une nécessité en l'état actuel des choses de clarifier la chose
: que note-t-on ? quand note-t-on? pourquoi?
Le système de notation actuelle n'est pas satisfaisant et surtout il évalue
trop : le nombre de documents portant notes qu'un enseignant doit remplir à la
fin de la scolarité d'un élève de 3° atteint un stade kafkaïen (contrôle
continu du brevet, bulletins, note de vie scolaire, note d'histoire des arts,
livret de compétence et j'en oublie sans doute).
On doit pouvoir l'améliorer en variant les formes de l'évaluation et ce
qu'on évalue (oral, écrit, savoirs, savoirs faire, travail ponctuel, travail
sur le long terme, travail de recherche, travail de restitution). Par contre,
la démultiplication des évaluations et surtout le fait qu'on évalue autre chose
que ce qui est relatif strictement au travail de l'élève me parait être une
dérive extrêmement préjudiciable à l'enseignement. Elle en tue la saveur en
réduisant l'apprentissage à un système de gavage sanctionné de façon
systématique (avec des effets secondaires désastreux qui sont notamment que
tout travail non noté est négligé), et en pénalise le travail enseignant qui
est de plus en plus émietté en une multitude de tâches dont certaines n'ont
absolument aucun sens.
Didier Epsztajn
Les notes sont une partie importante de
l'école. Pourquoi venir apprendre et faire des efforts si il
11 septembre 2012, 17:08
En tant qu'élève j'ai toujours vu cela comme ça.
Apprendre pour être le meilleur de la classe, pour être bien vu de tous, pour
avoir un bon dossier et choisir une bonne école.
Si l'on change cela, quelle est la motivation ?
Du point de vue du [...]
En tant qu'élève j'ai toujours
vu cela comme ça. Apprendre pour être le meilleur de la classe, pour être bien
vu de tous, pour avoir un bon dossier et choisir une bonne école.
Si l'on change cela, quelle est la motivation ?
Du point de vue du parent, ma fille n'est qu'en maternelle et les A qu'elle me
rapportent me rendent fière car cela veut dire qu'elle assimile très bien ce
qu'on lui apprend.
Luke Sky, Aventurier,
GlobeTrotter, Provocateur, Kitesurfer, Skater, Skydiver et Emmerdeur
la notation est un debat futile et mineur
10 octobre 2012, 14:55
L'important est de
trouver un moyen de motivé et d’intéressé les enfants, d’éveiller leur
curiosité naturelle. si les cours sont chiant a mourir, que les note soit sur
20 ou sous forme de A B C, ça changera pas grand chose, les même enfants [...]
L'important est de trouver un moyen de motivé et d’intéressé les enfants,
d’éveiller leur curiosité naturelle. si les cours sont chiant a mourir, que les
note soit sur 20 ou sous forme de A B C, ça changera pas grand chose, les même
enfants resterons en échec scolaire, et les même réussiront. Tout les enfants
sont curieux, demande comment on fait les bébé, pourquoi le ciel est bleu,
c'est quoi les étoiles et comment vole les avions et flotte les bateaux. Par
contre tout les enfants se foute de savoir pourquoi "toujours" prend
toujours un S" de la conjugaison du passé composé, de la manière de
diviser manuellement ( sérieux qui fait encore des div manuelle au temps des
smartphone ? ) ou du calcul de primitive et de dérivée.
apprenons déjà des choses intéressante aux enfants juste histoire
d’éveiller leur curiosité, et quand ils serons plus curieux et avide de
connaissance, alors on pourra commencer a leur apprendre des chose un peu plus
chiante, a conditions de savoir amener ça de manière ludique et interescente.
quand on choisira les prof sur leur pédagogie, sur leur manière d’intéressé
leur public, plutot que sur leur connaissance et leur qualité de dissertation,
on aura ptetre moins d'echec scolaire.
autant dire c'est pas demain la veille, pour le moment nos enseignant sont
des têtes, des chercheur, alors que ça devrai être des conteurs tels que ceux
qu'on vois en colonie de vacance qui sont capable de faire taire un groupe de
50 enfant rien qu'en racontant une histoire.
Yves LE Duc
DES NOTES OUI, MAIS A PARTIR DE QUAND ET
POUR QUOI FAIRE ?
10 octobre 2012, 17:29
Des notes à l'école :
pour ou contre ?
Ainsi posé, le débat
est un peu faussé.
Les notes n'ont
d'intérêt que si elles constituent une aide supplémentaire pour l'élève.
Il n'est donc guère
utile de les promouvoir dans le primaire.
Des notes à l'école : pour ou contre ?
Ainsi posé, le débat est un peu faussé.
Les notes n'ont d'intérêt que si elles constituent une aide supplémentaire
pour l'élève.
Il n'est donc guère utile de les promouvoir dans le primaire. Sauf à
considérer qu'à cet âge, les enfants sont déjà capables de voir les notes
autrement que comme des sanctions.
L'école doit surtout développer l'AUTO-EVALUATION . Mais cela ne signifie
pas la fin des notes.
Il ne faut pas jeter l'eau de l'évaluation avec le grand bain de la machine
à noter.
Marianne Gassel
Pour une évaluation à la fois précise,compréhensible
et favorable à l'évolution de l'apprenant
10 septembre 2012, 15:08
Le but d'une
évaluation en cours de route est bien d'aider l'apprenant à évoluer, à
apprendre mieux et plus efficacement. On ne lui a pas de mandé de venir à
l'école en connaissant déjà tout d'avance. On ne peut pas non plus lui demander
de [...]
Le but d'une évaluation en cours de route est bien d'aider l'apprenant à
évoluer, à apprendre mieux et plus efficacement. On ne lui a pas de mandé de
venir à l'école en connaissant déjà tout d'avance. On ne peut pas non plus lui
demander de savoir comment apprendre tout ce qu'il a à apprendre.
Chaque personne fonctionne à sa manière spécifique et donner une recette
valable pour tous n'a aucun sens. Chacun a également des rythmes
d'apprentissage différents pour l'une ou l'autre chose. Mettre tout le monde
dans les mêmes conditions de contrôle et évaluer tout le monde de la même
manière comptabiliste n'exprime en rien une réalité du processus
d'apprentissage de la personne et encore moins un soutien qui lui permette
d'aller plus loin.
J'estime par ailleurs que remplacer les notes par des appréciations en
lettres n'avancent en rien les choses. D'ailleurs les enfants sont les premiers
à explique: "j'ai B, ça signifie 7 ou 8/10". Et que savons-nous de
plus qu'avec les chiffres ? Absolument rien !
Il y a, par contre, des écoles à pédagogie alternative, comme les écoles
Decroly et Steiner dans lesquelles l'enseignant décrit avec des mots ce que
l'élève maîtrise et où il a besoin d'être soutenu. Alors, évidemment, ça prend
plus de temps que d'écrire "Français: 6/10. Mais par contre, c'est une
évaluation qui a un sens et qui permet de voir sur quel plan on peut aider
l'enfant. Il y a aussi l'approche québécoise de l'évaluation par porte-folio
qui commence à se répandre ici (en Belgique) et permet d'évaluer à partir de
vraies productions et auto-analyses de production par exemple.
Quant aux évaluations certificatives, elles se doivent de répondre à la
question "L'élève ou l'étudiant est-il capable d'accéder à un enseignement
de niveau supérieur à celui-ci ?" Ou bien: "est-il capable de
pratiquer le métier auquel il est appelé?" Et là, la mise en évidence d'un
certain nombre de critères préalables permettra de plus facilement répondre à
la question. Et, pour moi, cette évaluation, même si elle se traduit par un
nombre, se doit de s'accompagner de mise en évidence de ce qui va et de ce qui
est à améliorer et comment, sans quoi elle reste purement classificatrice mais
n'apporte rien à la personne.
En conclusion, j'estime que l'évaluation, à chacune des étapes du parcours,
se doit d'être un acte pédagogique au sens plein du terme qui permettra à
l'apprenant d'évoluer par rapport à ses apprentissages, à sa vie et à lui-même.
Marianne Gassel
François Jus
le système de notation actuel, néfaste pour
l'ensemble de l'entourage de l'élève et pour lui même.
23 septembre 2012, 23:04
L'évaluation des
acquis de l'enfant à l'école est indispensable à tous les âges, cependant, je
pense que l'utilisation de la notation n'est pas un moyen satisfaisant pour les
enfants, les parents et les instituteurs.
Psychologiquement,
l'enfant [...]
L'évaluation des acquis de l'enfant à l'école est indispensable à tous les
âges, cependant, je pense que l'utilisation de la notation n'est pas un moyen
satisfaisant pour les enfants, les parents et les instituteurs.
Psychologiquement, l'enfant à besoin de se sentir valoriser et non pas
d'être dévaloriser (système des notes) pour avancer dans ses apprentissages. De
plus, la notation entraîne souvent des tensions entre les enfants doués et ceux
en difficultés scolaires.
Les instituteurs, eux ne doivent pas se concentrer sur la note (perte de
temps) mais plutôt sur ce que l'enfant n'a pas acquis et comment y remédier.
Par ailleurs, sans les notes actuelles, la relation parent-enfant s'en
trouverait moins conflictuelle et de meilleure qualité car les notes à l'école
sont souvent l'origine de disputes ou de blocages.
Pour finir, je pense qu'il ne faut pas oublier l'objectif premier de
l'école qui est d'acquérir des apprentissages en vu de devenir un citoyen!
Des notes à l'école : pour ou contre ?
Ainsi posé, le débat est un peu faussé.
Les notes n'ont d'intérêt que si elles constituent une aide supplémentaire
pour l'élève.
Il n'est donc guère utile de les promouvoir dans le primaire. Sauf à
considérer qu'à cet âge, les enfants sont déjà capables de voir les notes
autrement que comme des sanctions.
L'école doit surtout développer l'AUTO-EVALUATION . Mais cela ne signifie
pas la fin des notes.
Il ne faut pas jeter l'eau de l'évaluation avec le grand bain de la machine
à noter.
Jérôme Saltet
Pour un système d'évaluation juste,
motivant et exigeant
12 septembre 2012, 12:15
Les notes à l'école
présentent beaucoup plus d'inconvénients que d'avantages, et on peut les
remplacer par d'autres systèmes d'évaluation plus performants.
L'avantage essentiel :
c'est un repère universellement compris, dont les parents ont [...]
Les notes à l'école présentent beaucoup plus d'inconvénients que
d'avantages, et on peut les remplacer par d'autres systèmes d'évaluation plus
performants.
L'avantage essentiel : c'est un repère universellement compris, dont les
parents ont souvent du mal à se passer.
Les inconvénients : les notes, vécues comme des sanctions, humilient plus
souvent qu'elles ne motivent. Elles sont donc pour la plupart des élèves un
frein à l'envie d'apprendre et un facteur de dégradation de l'estime de soi. Et
il est très difficile de faire comprendre aux enfants comme à leurs parents
qu'une note ne juge qu'un travail, jamais l'élève lui-même : "j'ai eu une
mauvaise note, donc je suis nul !" Elles ne mesurent par ailleurs pas la
véritable acquisition des connaissances. Que signifie 12/20 ? Que l'élève n'a
pas acquis 40% de la notion évaluée ? Elles consomment un temps et une énergie
formidables pour les enseignants comme pour les élèves, au détriment du temps
consacré à l'acquisition. Elles focalisent l'attention des parents, au
détriment d'éléments plus subtils et plus justes d'appréciation du travail des
élèves (les parents demandent toujours "quelle note as-tu eue aujourd'hui
?", rarement "qu'as-tu appris aujourd'hui ?". Elles affichent
une objectivité qu'elles n'ont jamais, car la note dépend toujours du lieu où
elle est donnée et de celui qui la donne.
Pour autant, il n'est pas question de ne pas évaluer le travail des élèves.
Mais de nombreuses solutions alternatives existent, testées en France comme
ailleurs avec succès. Avec André Giordan, dans notre livre "Changer le
collège, c'est possible", nous recommandons par exemple d'utiliser le
système des "UCS", Unités de Compétences et de Savoirs, qui mesurent
l'acquisition réelle et complète des éléments du programme. Un système
d'évaluation proche de celui-ci est utilisé en ce moment à l'internat
d'excellence de Montpellier, un logiciel permettant de renseigner finement
l'état d'acquisition par chaque élève de toutes les notions dans toutes les
matières. Un tel système s'avère à la fois plus exigeant, plus motivant et plus
juste.
Et il est toujours possible de garder pour de rares occasions un peu plus
solennelles (un examen blanc, par exemple) le système classique de notation, ce
qui permet de préparer les élèves aux examens nationaux.
Florence Meyer
Ne pas noter ou en ajoutant des points pas
en en retirant
12 septembre 2012, 14:33
L'important est de donner
l'envie d'apprendre et de donner un sens à l'apprentissage. Au primaire Il
n'est pas utile de noter, il est important de lui apprendre à donner un sens à
ce qu'il fait à l'école. Plus tard en CM2 par exemple on peut [...]
L'important est de donner l'envie d'apprendre et de donner un sens à
l'apprentissage. Au primaire Il n'est pas utile de noter, il est important de
lui apprendre à donner un sens à ce qu'il fait à l'école. Plus tard en CM2 par
exemple on peut noter ce que l'on apprend en ajoutant des points et non en en
retirant. Une notion apprise est notée quand elle est connue uniquement. Un
élève qui a des points est un élève qui sait. Ainsi l'élève réclamera des notes
! Il est important également de savoir faire un apprentissage "gratuit".
C'est la même chose que de valoriser le bénévolat.nous donnons et recevons sans
pour autant être payé, c'est souvent un bonheur. Un élève qui apprend se donne
gratuitement.
Quand aux parent sil est normal qu'ils veuillent des notes mais ceci est
très perturbant dans la relation parent enfant. Il s'instaure une course à la
moyenne et aux bonnes notes même chez les ados qui travaillent bien mais ceci
ne résout pas le problème de l'incertitude d el'avenir. La note n'a plus le
sens d'autrefois
Des notes à l'école : pour ou contre ?
Ainsi posé, le débat est un peu faussé.
Les notes n'ont d'intérêt que si elles constituent une aide supplémentaire
pour l'élève.
Il n'est donc guère utile de les promouvoir dans le primaire. Sauf à
considérer qu'à cet âge, les enfants sont déjà capables de voir les notes
autrement que comme des sanctions.
L'école doit surtout développer l'AUTO-EVALUATION . Mais cela ne signifie
pas la fin des notes.
Il ne faut pas jeter l'eau de l'évaluation avec le grand bain de la machine
à noter.
Rachid
Marrouchi
L’examen national pris comme modèle : Un
désastre pour nos écoles.
20 mars 2013, 15:04
La volonté d’égalité
de valeur des diplômes sur le territoire entier est légitime, même louable.
Telle qu’elle s’exprime, hélas, elle génère des fonctionnements d’une rigidité
excluante pour tous les enfants ne correspondant pas tout au long de
La volonté d’égalité de valeur des diplômes sur le territoire entier est
légitime, même louable. Telle qu’elle s’exprime, hélas, elle génère des
fonctionnements d’une rigidité excluante pour tous les enfants ne correspondant
pas tout au long de leur scolarité au concept de « l’enfant »(soit l’immense
majorité), et place les enseignants face à un choix cornélien : choisir de sacrifier
quelques élèves et avancer à coup sûr ou tenter d’avancer avec tous et risquer
le naufrage de chacun. Sur le même principe, l’examen national tel que nous le
pratiquons donne le « La », de manière désastreuse, à l’évaluation dans les
classes.
L’évaluation dans l'examen national
Des examens nationaux identiques sur tout le territoire nécessitent des
corrections identiques sur tout le territoire. Mais autant est-il assez simple
(pour peu d’être très organisé) d’envoyer des examens strictement identiques
une fois l’an à des centaines de milliers d’étudiants, autant il est impossible
de faire corriger ces centaines d’examens par des correcteurs identiques. En
effet, la valeur d’un devoir est très subjective. Il faut donc définir une
grille d‘évaluation : présence de tel élément égale +1 point, absence de tel
autre égale -1 point, plus de 10 fautes d’orthographe égale -2 points,
pertinence +5 points, etc. Nous ne sommes pas ici dans l’absolue objectivité
(sur quelle grille de critères pourrait-on évaluer objectivement « la
pertinence », par exemple ?), tout cela laisse forcément une part à la
subjectivité du correcteur. Cependant, pour éviter de trop grandes disparités
les copies passent par plusieurs correcteurs. De plus dans un souci
d’impartialité et d’équité les copies sont rendues anonymes par les candidats.
Ces méthodes d’évaluation sont pertinentes dans le cadre diplômant et les
échelles énormes d’examens nationaux.
L'évaluation pédagogique
L’évaluation pédagogique quant à elle n’a rien à voir avec ce genre de
pratique, elle permet de recueillir des informations concrètement utiles dans
les pratiques de transmission.
Le pédagogue peut, grâce à elles, évaluer ce qui a été «reçu » par
l’apprenant afin de pouvoir dans un second temps revenir sur les points qui
n’ont pas été assimilés.
Cela lui permet aussi de mesurer les « outils » les plus développés de
l’apprenant : se sert-t-il plus de son sens logique ? De sa mémoire ? De son
imagination ? De son sens pratique ? De sa capacité de concentration ? etc. Le
pédagogue peut ainsi, d’une part, adapter sa pédagogie et, d’autre part,
encourager le développement des autres « outils » de la manière appropriée et
avec la progression adaptée. En effet, un élève avec un très grand sens logique
aura tendance à ne pas développer sa mémoire, la consigne « apprendre par cœur
une poésie » par exemple le mettra en grande difficulté si elle n’est pas
accompagnée d’une explicitation de la méthode de l’ « apprentissage par cœur »
(l’inviter à lire 10 fois la poésie à voix haute chaque soir par exemple). Un
élève qui a une excellente mémoire ne verra aucune difficulté à l’exercice et
la consigne seule lui suffira amplement, peut-être sera-t-il moins à l’aise
avec des exercices de créativité par exemple ou pour la résolution de problème
nouveau, ce à quoi le pédagogue palliera en encourageant/accompagnant les
premiers pas dans la démarche créative et/ou de résolution de problème. Il est
plus que rare de voir un élève possédant «naturellement » à l’entrée en
primaire un équilibre parmi ces « outils » (dont tous dispose).
L'évaluation dans nos écoles: une succession de
mini-examens nationaux
Il est dommage que, souvent dès l’école primaire, dans nos classes
l’évaluation ne soit pas au service du pédagogue dans l’intérêt de l’apprenant
mais une succession de mini-examens-nationaux à l’échelle d’une classe
hiérarchisant les élèves les uns par rapports aux autres.
Le moment où se situe l’évaluation dans l’enchaînement des chapitres du
programme est l’un des révélateurs de cet usage de l’évaluation: le« contrôle »
se situant à la charnière entre deux chapitres, il ne peut servir à
l’ajustement de la pratique pédagogique afin de permettre un retour sur les
points non-assimilés. De quelle façon, dans ce contexte, les informations
recueillies lors de la correction pourraient-elles être utilisées si ce n’est
en créant une hiérarchisation entre premiers et derniers comme lors d’un
mini-examen-national? (Une pratique marginale consistant même à lancer les
évaluations de manière massive sur les élèves en fin de trimestre peu avant le
conseil de classe.)
D’ailleurs, l’évaluation en « +1/-1 » sur la base d’une «grille
d’évaluation » prédéfinie est également souvent remplacée par une notation «
-1/-1 » sans grille d’évaluation : les défauts et erreurs étant sanctionnés de
la perte de point, les qualités du devoir ne faisant l’objet d’aucun point
supplémentaire. Dans ce système, un devoir de génie à 90% possédant 10% de
fautes grossières peut assez facilement être noté 5/20 (voir moins).
L’absence d’une « grille d’évaluation » précise pour la correction des
devoirs notés et l’absence de méta-évaluation (évaluation des pratiques
d’évaluation) dans nos écoles mènent également à une partialité de notre
système éducatif. Pour exemple, une étude s’intéressant aux différences de
notations entre filles et garçons (les filles étant « statistiquement
meilleures élèves » que les garçons). D’après cette étude, cette différence
s’explique par l’appréciation de la personnalité (par le professeur) influant
sur la notation, les filles étant plus souvent associées à l’archétype du bon
élève (attentif, sans agitation…etc.), les deux genres n’ayant pas de
différences réelles de compétence scolaire ou de capacité. C’est sur cette même
dynamique probablement que les élèves des milieux populaires sont
sous-représentés dans les filières Scientifique et Littéraire au lycée ainsi
que dans le post-Bac et sur représentés dans les filières professionnelles et
dans l’apprentissage. Les filles étant, quant à elles, de manière assez
flagrante sous représentées dans les filières scientifiques et surreprésentées
dans les filières littéraires.
Conclusion :
Au travers des méthodes de correction de l’examen national est estimée
l’acquisition d’une certaine étendue de connaissances et d’un niveau de
compétences. Il est un outil d’analyse pour la reconnaissance claire par la
société des compétences et connaissances d’un individu, cet outil remplit sa
fonction du mieux qu’il peut et n’a aucune d’ambition pédagogique.
Seulement ces mêmes méthodes de corrections sont utilisées dans les classes
à des échelles 20 000 fois moindre et sans aucun des garde-fous qui
garantiraient l’impartialité (corrections “aveugles”, doubles corrections,
grille d’évaluation).
La structure même des programmes couplée dans les classes à ces méthodes
d’évaluation inadaptées, car trop inspirées de l’examen national, font
mécaniquement de notre système scolaire un outil de discrimination et de
hiérarchisation des élèves. Dans ce contexte, les aménagements de rythme de la
semaine des élèves, du contenu du programme qui leur est proposé (même l’effort
louable sur l’écriture/la lecture et le calcul en primaire), les politiques de
soutiens spécifiques aux élèves en « échec scolaire » ne peuvent avoir qu’un
impact faible sur l’efficacité du système scolaire en tant que structure de
transmission de méthodes, compétences et connaissances aux jeunes générations.