Vœux du
Président de la République pour l'année 2018.
Mes chers compatriotes,
Alors que l’année s’achève, 1 je suis heureux de vous
retrouver pour vous présenter 2 pour la première fois mes vœux pour l’année 2018.
3 Je
vous espère en famille, au milieu de vos proches, de celles et ceux qui
vous aiment.
4 Je
sais aussi que certains d’entre vous sont aujourd'hui au travail
5 parce
qu’ils font partie des forces armées ou des forces de l’ordre,
6 parce
qu’ils sont médecins ou personnels soignants,
7 parce
qu’ils sont en charge des transports ou de la continuité des services publics. Je
veux ce soir les remercier pour cet engagement.
8 Je
sais aussi que plusieurs d’entre vous ce soir sont seuls,
9 souffrent
ou sont malades et je sais que dans ces moments de fête et de retrouvailles,
cette solitude et cette souffrance sont plus dures encore à
supporter. Alors à nos concitoyens qui sont dans cette situation,
10 je
veux dire qu'ils appartiennent à une grande Nation et que les mille fils
tendus qui nous tiennent, sont plus forts que leur solitude et
11 je
leur adresse une pensée fraternelle.
12 L'année
2017 s'achève et je ne veux pas passer trop de temps à revenir sur celle-ci ;
13 ce
fut l'année du choix :
14 le
choix du peuple français,
15 votre
choix par lequel vous m'avez attribué votre confiance et avec elle votre
impatience, vos exigences, vos attentes ;
16 j'en
suis pleinement conscient.
17 Aussi,
depuis mon élection en mai dernier, je me suis attaché à simplement faire ce à
quoi je m'étais engagé durant la campagne présidentielle. Le
Premier ministre, son gouvernement
18 sont
à la tâche depuis le mois de mai dernier avec un Parlement profondément
renouvelé, pour mettre en œuvre ses engagements. Par vos choix
durant l'année 2017, vous avez profondément renouvelé notre vie politique et
vous avez permis qu'une transformation en profondeur de notre pays advienne : à
l'école pour nos enfants, au travail pour l'ensemble de nos concitoyens, pour
le climat,
19 pour
le quotidien de chacune et chacun d'entre vous. Ces transformations
profondes ont commencé et se poursuivront avec la même force, le même
rythme, la même intensité pour l'année 2018.
20 L'année
qui s'ouvre en effet est celle de nombreux défis
21 et nous
construisons là une bonne part de notre avenir. Pour nos
territoires ruraux où
22 nous
devons construire l'accès à la téléphonie mobile et au numérique, aux
transports et permettre plus d'innovations économiques et sociales, pour nos
quartiers populaires, en permettant la mobilité économique et sociale et
en luttant contre les discriminations ;
23 pour
nos agriculteurs en leur permettant de vivre dignement du prix payé ;
pour nos Outre-mer qui ont beaucoup souffert ces derniers mois et auxquels je veux adresser un
salut tout particulier ; en adaptant nos règles et en construisant des
filières économiques fortes qui permettent davantage d'autonomie énergétique et
de créations d'emplois ;
24 pour
l'égalité entre les hommes et les femmes qui nécessitera là aussi des
changements de loi et un ressaisissement de toute notre société ; pour
les indépendants et les entrepreneurs, avec des règles simplifiées ; 25 un droit à l'erreur enfin
réalisé ;
26 pour
les salariés, en permettant la formation tout au long de la vie et des
sécurités nouvelles ; et pour nos fonctionnaires en clarifiant leurs
missions et nos attentes et en récompensant leurs efforts.
27 Vous
le voyez, tous ces chantiers jalonneront l'année 2018 et impliqueront un
engagement plein et entier du Premier ministre et de son gouvernement.
28 Je
continuerai à faire ce pourquoi vous m’avez élu :
29 rendre
la France plus forte et plus juste ;
30 permettre,
non pas d'adapter notre pays aux changements du monde,
31 mais
lui permettre d'être ce qu'il est : un pays fort avec une exigence universelle
qui, parce qu'il est plus fort, produit davantage, peut justement
assurer la solidarité sur le sol national et avoir une exigence humaniste à
l'international.
32 Je
sais que plusieurs d'entre vous ne partagent pas la politique qui est conduite
par le gouvernement aujourd'hui ;
33 je
les respecte et je les écouterai toujours ;
34 je
m'assurerai que tous les débats soient conduits et que toutes les voix y
compris discordantes soient entendues mais pour autant, je n'arrêterai pas
d'agir.
35 Toujours
j’écouterai, j'expliquerai notre situation et la réalité de celle-ci ; je
respecterai et toujours à la fin, je ferai car c'est ce dont notre pays a
besoin et c'est ce que vous attendez de moi.
36 En
2018, nous aurons à conduire d'abord sur le plan international plusieurs
combats et des actions déterminées :
37 la
lutte contre le terrorisme islamiste au Levant, au Sahel et sur notre
sol national et à ce titre,
38 je
veux ce soir avoir une pensée pour nos militaires qui sont en ce moment même
sur ces théâtres de bataille ;
39 je
pense à leurs camarades tombés cette année.
40 Nous
gagnerons cette bataille contre le terrorisme.
41 Je
veux aussi rendre hommage aux policiers et aux gendarmes qui chaque jour
luttent contre ce terrorisme islamiste et vous protègent au quotidien.
42 Mais
c'est la paix qu'il nous faut aussi gagner à l'international, c'est-à-dire ce
travail indispensable pour notre sécurité mais aussi parce qu'il est notre
mission universelle, ce travail pour garantir la stabilité des Etats et
assurer le respect de toutes les minorités. C'est ce que nous avons fait
au Liban, c'est ce que nous faisons aujourd'hui au Sahel et ce que nous
continuerons à faire en Syrie, au Proche-Orient comme en Afrique ; c'est une
grammaire de la paix et de l'espérance qu'il nous faut aujourd'hui réinventer
dans nombre de continents.
43 Sur
le plan européen, l'année 2018 sera aussi décisive. Vous le savez, je me
suis pleinement engagé dans cette bataille car je crois très profondément que
l'Europe est bonne pour la France ; que la France ne peut pas réussir sans une
Europe elle aussi plus forte. Mes chers concitoyens européens, 2018
est une année toute particulière et j'aurai besoin cette année de vous. Je souhaite en effet que
par ces consultations citoyennes, vous puissiez vous exprimer, dire ce que vous
voulez pour l'Europe quelques mois avant nos élections européennes et
permettre à vos gouvernants de dessiner un grand projet ; nous avons besoin de retrouver
l'ambition européenne, de retrouver une Europe plus souveraine, plus unie, plus
démocratique parce que c'est bon pour notre peuple. Je crois très
profondément que l'Europe peut devenir cette puissance économique, sociale,
écologique et scientifique qui pourra faire face à la Chine, aux Etats-Unis en
portant ces valeurs qui nous ont faits et qui sont notre histoire commune. J’ai
besoin de votre détermination pour ce sursaut européen et j’ai besoin
qu’ensemble nous ne cédions rien ni aux nationalistes ni aux sceptiques.
Pour
ma part, je continuerai à travailler avec chacun de nos partenaires européens
et tout particulièrement avec l'Allemagne. Ce colloque intime
avec nos amis allemands est la condition nécessaire à toute avancée européenne
; elle n'exclut pas le dialogue avec tous nos autres partenaires mais elle est
ce par quoi tout commence. J'ai besoin que nous allions plus loin sur ce
plan-là aussi et que nous rompions avec les habitudes passées, que nous retrouvions
ce goût en commun d'un avenir dont nous décidons pour nous-mêmes.
Enfin,
sur le plan national, l'année 2018 sera à mes yeux celle de la cohésion de la
Nation. Nous nous sommes trop longtemps, trop souvent divisés. Les
débats sont nécessaires, les désaccords sont légitimes mais les divisions
irréconciliables minent notre pays. Je veux plus de concorde
pour la France en 2018.Pour cela, je veux avant toute chose miser sur
l'intelligence française car nous avons cela en nous. L'école doit être le
creuset de cette cohésion nationale et nous continuerons de la renforcer ; la
formation tout au long de la vie est l'indispensable protection qui permettra à
chacun de faire face aux grands changements et de mieux les comprendre, d'être
formé à de nouveaux métiers. La science est un levier indispensable pour
réussir à préparer notre avenir et c'est pourquoi notre recherche est
déterminante et notre culture est ce socle commun de notre imaginaire, un
imaginaire dont nous avons besoin, un imaginaire d'avenir où chacune et chacun
doit pouvoir se retrouver.
Je
veux ensuite miser sur le travail. Le travail est au cœur de notre société
d'abord parce qu'il est ce qui permet à chacun de trouver sa place, de
progresser dans la vie, de s'émanciper de son milieu d'origine si c’est la volonté
que chacun porte mais c'est aussi par le travail que notre Nation sera plus
forte parce qu'elle produira, parce qu'elle s'enrichira ; nous
avons besoin du travail et je le défendrai sans relâche en permettant à chaque
travailleur de gagner davantage par celui-ci, en formant nos concitoyens qui
sont au chômage pour qu'ils puissent retrouver un travail et les compétences
nécessaires pour cela, en formant nos jeunes par l'apprentissage ; le travail
est le cœur de notre projet en commun.
Je
veux aussi miser sur la fraternité. La fraternité, c'est ce qui nous unit,
ce qui nous a fait un, ce qui nous tient ensemble. Je
crois dans la réussite, dans les succès mais que valent ces succès s'ils ne
sont en quelque sorte que les succès de quelques-uns ? Que s'ils
nourrissent les égoïsmes ou les cynismes ? Rien de bien durable. Tant
de Nations sont en train de se fracasser parce que seuls quelques-uns y
réussissent ! Nous avons en effet besoin de repenser un grand projet
social pour notre pays, c'est celui-ci que je déploierai durant l'année qui
s'ouvre. C'est celui qui doit inspirer notre politique de santé, notre
politique en faveur de celles et ceux qui vivent en situation de handicap,
notre politique d'hébergement pour les sans-abri, notre politique sociale aidant
les plus démunis. Sans cela, sans cette exigence humaniste, notre pays ne
se tiendra pas uni. Cela implique des règles et de la rigueur aussi et je
sais parfois quelques tensions éthiques que je ne sous-estime pas et que
j'assume pleinement. Je
veux que nous puissions apporter un toit à toutes celles et ceux qui sont
aujourd'hui sans abri. Le gouvernement s'est beaucoup engagé ces derniers
mois en cette direction et a beaucoup amélioré les choses mais il y a encore
des situations qui ne sont pas acceptables et que je n'accepte pas davantage
que vous. Nous continuerons donc l'effort indispensable pour
réussir à pleinement respecter l'engagement que j'ai moi-même pris devant vous.
Comptez sur ma détermination entière en la matière.
Nous
devons aussi accueillir les femmes et les hommes qui fuient leur pays parce
qu'ils y sont menacés en raison de leur origine, de leur religion, de leurs
convictions politiques. C'est ce qu'on appelle le droit
d'asile. C'est un devoir moral, politique et je ne cèderai rien. Nous
respecterons celui-ci ; nous continuerons à accueillir ces femmes et ces hommes
parce que la France est leur patrie mais pour autant, nous ne pouvons
accueillir tout le monde et nous ne pouvons le faire sans qu'il y ait des
règles. 44 Il est
aussi indispensable que nous puissions contrôler l'identité de chacune et
chacun et lorsque quelqu'un qui arrive sur notre territoire ne relève pas du
droit d'asile et n'a aucune chance d'obtenir la nationalité française, nous ne
pouvons accepter qu'il reste des mois, des années dans une situation
d'irrégularité qui n'est bonne ni pour lui ni pour le pays. Il faut
donc là aussi des règles simples et des règles respectées et donc de la
rigueur. Je m'attacherai à ce que notre pays se tienne à cette ligne
d'humanité et d'efficacité.
Enfin, notre cohésion nationale dépend aussi de
votre engagement. Oui, la cohésion de la Nation, ça n'est pas simplement
le travail du président de la République, de son Premier ministre ou du
gouvernement ; c'est le travail de chacune et chacun d'entre vous.
45 Demandez-vous
chaque matin ce que vous pouvez faire pour le pays et au-delà de votre
quotidien, de votre vie, parfois de ses difficultés, dites-vous toujours que
vous appartenez à un collectif plus fort, plus grand que vous : la Nation
française. C'est ce collectif qui vous a éduqué, qui vous soigne,
qui quand vous tombez, vous aide à vous relever, qui vous aidera dans vos vieux
jours et dites-vous à chaque instant que vous avez quelque chose à faire pour
la Nation. J'ai besoin de cet engagement.
46 Chaque
jour, depuis que je suis élu Président de la République, j'ai pu constater dans
notre pays ces miracles de solidarité, d'engagement et d'enthousiasme ; c'est
de cela dont j'ai besoin et c'est pour cela que j'ai besoin de vous.
47 Le
peuple français est un grand peuple qui parfois sous-estime ses propres
ressorts intimes.
48 Nous
sommes capables de l'exceptionnel.
Alors, mes chers compatriotes, ce soir je m'adresse
à vous avant qu'une nouvelle année ne s'ouvre. Il y aura des difficultés,
49 il
y aura sans doute des choses que nous n'avons pas prévues ; vous aurez
peut-être dans vos vies personnelles des moments de doute, des drames, mais
n'oubliez jamais que nous sommes la Nation française.
50 Et
ce soir, je veux vous dire que c'est avec cet esprit de conquête que nous avons
en partage, avec cette détermination entière, cette ambition sincère pour notre
pays et pour chacun d'entre vous, avec cette volonté de faire vivre notre
Renaissance française que je vous présente tous mes vœux pour l'année 2018.
50 Vive
la République et vive la France.