No et Moi


Delphine De Vigan a obtenu le prix des libraires 2008 pour ce roman.


Lou est une adolescente surdouée, le lycée  est un univers un peu difficile pour une jeune fille de 13 ans,  elle vit  sa différence avec les autres élèves comme une forme d’exclusion :

« … dans ma nouvelle classe les élèves m’appellent le cerveau, ils m’ignorent ou me fuient, comme si j’avais une maladie contagieuse, mais au fond je sais que c’est moi qui n’arrive pas à leur parler, à rire avec eux je me tiens à l’écart…(Extrait de « No et moi » p.31).

Lou  ne veut surtout pas se faire remarquer alors quand arrive le moment de choisir le thème de son exposé, elle est tellement paniquée par ce type d’exercice, qu’elle va donner sans trop réfléchir un sujet plutôt difficile à traiter : les sans-abris. Elle ne sait pas encore qu’elle va vivre une véritable aventure humaine qui va lui ouvrir les yeux sur la dureté du monde et la faire grandir. 

Selon les estimations, il y a encore 200 000 et 300 000 personnes sans domicile fixe, 40% sont des femmes, le chiffre est en augmentation constante. Et parmi les SDF âgés de 16 à 18 ans la proportion des femmes atteint 70 % (Extrait de « No et moi » p.36).

A la gare d’Austerlitz, une jeune SDF aborde Lou, c’est No avec son  visage déjà marqué, ses vêtements sales et ses silences. Pourtant les deux  jeunes filles arrivent peu à peu à communiquer  et  No cette écorchée vive, qui cache son manque d’amour derrière ses allures de rebelle va être touchée par la personnalité de la petite Lou. Lou va se lancer dans un grand projet : aider No à reprendre une vie normale.

Moi je m’en fous pas mal qu’il y ait plusieurs mondes dans le même monde et qu’il faille rester dans le sien. Je ne veux pas que mon monde soit un sous-ensemble A qui ne possède aucune intersection avec d’autres (B, C ou D), que mon monde soit une patate étanche tracée sur une ardoise, un ensemble vide (Extrait de  « No et moi » p. 87).

Ce roman n’est pas un conte de fée.  Le personnage « No » incarne un quotidien presque banal parce qu’on le voit chaque jour dans les rues mais  nous en avons tous très peur, il s’appelle : le chômage, l’errance,  la solitude….. Nous sommes donc tous concernés par les problèmes de No. L’auteur s’est aussi appuyé sur un terrible constat : il est pratiquement impossible de changer « de monde ».

Le livre se termine donc de la même manière que la société traite ses exclus.

Un roman à lire absolument même par des adolescents.