Vœux aux Français du président Hollande 31 décembre
2016 vo
Elysée – Samedi 31 décembre 2016
Mes chers compatriotes,
Ce soir, c'est la dernière fois que je vous présente mes vœux comme
Président de la République.
C'est pour moi un moment d'émotion et de gravité. Je veux le partager
avec vous, Françaises et Français de toutes origines, de toutes convictions, de
toutes confessions, de métropole et d'outre-mer.
Je veux d'abord vous parler de ce que vous avez enduré cette dernière année
lorsque notre pays a été frappé par de terribles attentats : celui de Nice le
14 juillet dernier mais aussi de Magnanville, de Saint-Etienne-du-Rouvray. Je
pense en cet instant aux victimes, à leur famille, aux blessés qui souffrent
dans leur cœur et dans leur chair.
Je sais aussi l'inquiétude qui est toujours la vôtre face à cette menace
terroriste qui ne faiblit pas, comme hélas en témoigne ce qui s'est produit à
Berlin ces derniers jours. Il me revient donc avec le gouvernement de
Bernard CAZENEUVE d'assurer votre protection. J'y consacre tous les moyens
nécessaires et je veux rendre hommage à nos policiers, à nos gendarmes, à nos
militaires qui se dévouent jusqu'au sacrifice pour assurer notre sécurité.
Face aux attaques, vous avez tenu bon. Les terroristes voulaient vous
diviser, vous séparer, vous effrayer, vous avez montré que vous étiez plus
forts, rassemblés, solidaires et unis. Vous n'avez pas cédé aux amalgames,
aux stigmatisations, aux vaines querelles. Vous avez continué à vivre, à
travailler, à sortir, à circuler, à chérir la liberté. Vous pouvez être
fiers de vous.
Mais nous n’en avons pas terminé avec le fléau du terrorisme. Il nous
faudra continuer à le combattre -à l'extérieur, c'est le sens de nos opérations
militaires au Mali, en Syrie, en Irak- Irak où je me rendrai après-demain pour
saluer nos soldats. Le combattre aussi à l'intérieur pour déjouer des
attentats, mettre hors d'état de nuire les individus dangereux et prévenir la
radicalisation djihadiste.
Soyez certains d'une chose : que
de cette lutte contre la barbarie, notre démocratie sortira victorieuse.
Mes chers compatriotes, cinq années de présidence m’ont forgé une
expérience que je veux vous livrer ce soir : la France est un pays admiré,
attendu et même espéré partout dans le monde. C'est sans doute l'héritage
de notre Histoire, de notre langue, de notre culture mais c'est surtout le
respect qu'inspirent nos valeurs, notre mode de vie, notre attachement pour la
liberté. C'est ce qui explique que lorsque nous sommes attaqués, le monde
entier est à nos côtés. C'est ce qui donne du crédit à la parole de la
France pour porter de grandes causes -je pense à la lutte contre le
réchauffement climatique, rappelez-vous, c'est à Paris qu'un accord historique
a été conclu ; vous en voyez avec les pics de pollution l'impérieuse nécessité
surtout de le mettre en œuvre. Alors je vous l'affirme : la France ne
laissera personne ni aucun Etat, fût-il le plus grand, remettre en cause cet
acquis majeur de la communauté internationale.
Face aux puissances, les anciennes comme les nouvelles, la France doit
réaffirmer son indépendance.Dans un environnement international plein
d'incertitudes, avec un climat de guerre froide, peu de pays ont par leur
défense, c'est-à-dire leur armée et la politique étrangère, la capacité de
décider souverainement. Nous l'avons. Et nous devons tout faire pour
préserver cette liberté stratégique parce que la France a un rang et un message
à défendre. Elle n'accepte pas les violations des droits humains les plus
élémentaires -l'utilisation des armes chimiques, les massacres de populations
civiles comme à Alep, les persécutions des minorités religieuses, la soumission
de la femme. La France n'admet jamais le fait accompli, la mise en cause
des frontières. Elle cherche partout par le dialogue, des solutions, y
compris au Proche et au Moyen-Orient. La France se bat pour le
développement de l'Afrique et la réduction des inégalités car elle sait que là
se situe le règlement des migrations. Voilà ce que signifie être Français
aujourd'hui et je voudrais que vous puissiez, là-encore, en être fiers.
Mes chers compatriotes, tout au long de mon mandat, je n'ai qu'une priorité
: redresser notre économie pour faire baisser le chômage. Je revendique
les choix que j'ai fait -les résultats arrivent, plus tard que je ne les avais
prévus, j'en conviens mais ils sont là- les comptes publics ont été rétablis,
la Sécurité sociale est à l'équilibre, la compétitivité de nos entreprises a
été retrouvée, la construction de logements atteint un niveau record,
l'investissement repart et, surtout le nombre de demandeurs d'emploi baisse
enfin depuis un an. Parallèlement, je l'ai voulu ainsi, le progrès social
n'a pas arrêté sa course ; de nouveaux droits ont été ouverts pour les
salariés, pour la formation tout au long de leur vie, pour l'insertion des
jeunes, pour l'accès de tous à la santé. Il reste encore à faire mais le
socle est là, les bases sont solides.
Ces succès, ce sont les vôtres. Vous devez vous en emparer, non pour
nier les difficultés -elles demeurent- occulter les souffrances -elles sont là-
ou repousser les choix -il y en aura à faire- mais pour prendre conscience de
vos atouts, de vos talents, de vos capacités, de vos réussites. Notre
principal adversaire, c’est le doute. Vous devez avoir confiance en vous,
surtout face aux défis qui nous attendent. En cette fin d’année, ce que
nous croyions acquis parfois pour toujours -la démocratie, la liberté, les
droits sociaux, l'Europe et même la paix- tout cela devient vulnérable,
réversible. On l’a vu au Royaume-Uni avec le Brexit et aux Etats-Unis lors
de l'élection du mois de novembre, on le voit sur notre continent à travers la
montée des extrémismes. Il y a dans l'Histoire des périodes où tout peut
basculer. Nous en vivons une.
Dans à peine cinq mois, vous aurez, mes chers compatriotes, à faire un
choix. Il sera décisif pour la France, il y va de son modèle social auquel
vous êtes attachés car il garantit l'égalité de tous face aux aléas de la vie
et notamment la santé. Il y va de ses services publics, essentiels, et
notamment l'école de la République, là où beaucoup se joue et notamment pour la
jeunesse qui est notre espérance. Il y va aussi de la capacité de notre
pays à saisir les grandes mutations que sont la révolution numérique et la
transition énergétique pour en faire des facteurs de croissance, de bien-être,
d'emplois et non des éléments supplémentaires de précarité et d'instabilité. Il
y va enfin de nos valeurs. La France est ouverte au monde, elle est
européenne, elle est fraternelle. Comment imaginer notre pays
recroquevillé derrière des murs, réduit à son seul marché intérieur, revenant à
sa monnaie nationale et en plus en discriminant ses enfants selon leurs
origines ! Mais ce ne serait plus la France !
Voilà les enjeux majeurs. Les débats qui s'ouvrent les éclaireront
mais dans ces circonstances, le rôle des forces et des personnalités politiques
est immense. Elles doivent être à la hauteur de la situation, faire preuve
de lucidité, éviter de brutaliser la société et puis aussi écarter la
dispersion pour certaines de nos forces politiques qui entraînerait d'ailleurs
leur élimination. Mais c'est vous quoi qu'il arrive, qui aurez le dernier
mot. C’est pourquoi votre responsabilité est aussi grande et la France
compte sur vous.
Pour ma part, jusqu'au dernier jour de mon mandat, je serai pleinement à ma
tâche pour servir notre pays ; agir pour la France, se battre pour la justice
et le progrès, c'est l'engagement de toute ma vie. Je n'y renoncerai
jamais. J’ai partagé avec vous des épreuves et des souffrances mais aussi
des joies et des bonheurs.
J'ai eu l’immense fierté d'avoir été à la tête d'un peuple debout, fidèle à
lui-même et à sa vocation universelle. C’est un lien indéfectible qui nous
unit et que rien n'altèrera. C'est fort de cette conviction que je vous
adresse du fond du cœur mes vœux les plus chaleureux pour cette nouvelle année.
Vive la République ! Vive la France !