a) Extrait de dialogue (34’45’’)

Georges aperçoit un magasin de chaussures.

GEORGES

Oh ! chaussures !

Il sort de la voiture en laissant la portière ouverte. Le feu passe au vert. Les voitures klaxonnent. Harry referme la portière et se gare. Il ne voit plus Georges. Georges entre dans le magasin. Il regarde les chaussures exposées. Georges avance entre les rayons. Il prend une paire à hauts talons. Une vendeuse arrive.

LA VENDEUSE

Bonjour, monsieur. Je peux vous aider ?

Elle sourit, puis la surprise se lit sur son visage. Georges la regarde, ravi.

GEORGES

Je veux les chaussures…

Il regarde les chaussures de sport.

GEORGES

Ah ! tennis !

LA VENDEUSE

Asseyez-vous, je vais les chercher.

Elle sort. Georges s'assied. Harry arrive et regarde Georges à travers la vitre. Il lui fait signe de sortir. La vendeuse revient. Elle enlève les chaussures de Georges et lui passe une des tennis. Elle remonte un peu sa chaussette. Georges sourit de plaisir au contact de la main sur sa peau.

VENDEUSE

Elles sont très jolies.

GEORGES

Vous aussi très, très jolie madame.

Il la regarde dans les yeux. Elle recule. Il lui prend la main.

GEORGES

Moi mariage avec vous !

La vendeuse retire sa main.

VENDEUSE

Euh... Vous les gardez aux pieds ou je les emballe ?

GEORGES

Faire mariage avec moi ?

VENDEUSE

Mais je suis déjà mariée.

GEORGES

C'est pas grave, moi aussi. Y'a deux yeux, deux mains, deux oreilles… deux amoureux ?

La vendeuse s'est levée, elle tape un prix sur la caisse enregistreuse.

VENDEUSE

Sept cents francs.

Georges vide ses poches sur le comptoir. Il dépose quelques papiers, des coquillages et quelques pièces de monnaie. La vendeuse les compte.

VENDEUSE

Vingt-six francs… vous n'avez que vingt-six francs.

Georges s'appuie sur le comptoir, bien décidé à ne pas partir.

 

 

GEORGES

Moi, je veux les chaussures.

VENDEUSE

Sans argent je ne peux pas vous les donner.

Georges soupire profondément. Il hausse le ton.

GEORGES

MOI JE VEUX CHAUSSURES !

La vendeuse disparaît à nouveau dans l'arrière-boutique. Harry entre dans le magasin. Il tire Georges par le bras.

GEORGES

JE VEUX LES CHAUSSURES !

HARRY

Bon allez !… Viens !…

GEORGES

NON ! JE VEUX LES CHAUSSURES !

Le gérant arrive suivi de la vendeuse. Il fait un grand sourire commercial.

LE GÉRANT (à Harry)

Quel genre de chaussures désirez-vous ?

HARRY

C'est lui qui veut des chaussures.

Le gérant regarde Georges.

LE GÉRANT

Ah. Et qu'est-ce qu'il veut comme chaussures ?

HARRY

Ben... Demandez-le-lui.

GEORGES

MOI VEUX CHAUSSURES.

Le gérant s'approche de Harry. Il lui dit doucement, sans cesser de sourire :

GÉRANT

Sortez de mon magasin.

GEORGES

MOI JE VEUX LES CHAUSSSURES.

HARRY

Pardon ?

GÉRANT (baisse le ton, menaçant)

Faites-le-sor-tir-de-mon-ma-ga-sin !

HARRY

Votre sourire n'est pas sincère. Un bon vendeur a toujours un sourire sincère. Et s'il y a une chose qui me met hors de moi, ce sont les mauvais vendeurs.

GEORGES

Moi je veux chaussures !

La vendeuse craque. Elle lui fourre les chaussures dans un sac. Georges fait un sourire radieux. Il fait mine de l'embrasser sur la joue mais, au dernier moment, il l'embrasse dans le cou.