Un lieu de sinistre mémoire

1, Place des Petits Pères, se trouvait le Commissariat aux Questions Juives, sous le Gouvernement de Vichy, en 1941. C'est ici qu'étaient tenus les fichiers qui servaient aux déportations, notamment lors de la rafle du Vel d'Hiv, les 16 et 17 juillet 1942.

Une rue inhabitée

La rue des Degrés, qui ne mesure que 5m50 de long, est la plus courte de Paris. Il n'y a pas de numéros...elle est donc inhabitée.

Un nez à faire pâlir Cléopâtre de jalousie

Au 2, place du Caire, sur la façade, observez bien: parmi les hiéroglyphes, se trouve un profil d'homme nanti d'un nez démesuré, celui d'un certain Bouginier. C'était un peintre, qui fréquentait l'atelier de Gros. Connu pour son mauvais caractère, il fut caricaturé par ses camarades, et son appendice nasal plus important que la moyenne fut crayonné par eux sur tous les murs de Paris, et logiquement reproduit sur cette façade.

Un nain célèbre

Au 2 Boulevard des Capucines s'élevait le Théâtre du Vaudeville. On y applaudissait le nain Tom Pouce, découvert par Barnum aux Etats-Unis. Il fut tellement célèbre et adulé qu'il fut présenté à la reine Victoria, ainsi qu'à Louis-Philippe. Habillé "à la Française", poudré, assis dans un carrosse à sa taille tiré par des poneys, il "louait" ses services pour 200F la soirée.

Une maison close très bien fréquentée...

Jusqu'à sa fermeture légale en 1946, ose trouvait au 12 de la rue Chabanais, l'une des plus célèbres maisons closes de l'époque: le Chabanais. Ministres, Présidents du Conseil, et même la plupart des têtes couronnées d'Europe étaient des clients assidus. Il est vrai que le luxe de cette maison était inouï: une chambre Louis XVI voisinait avec un salon pompéien, une chambre japonaise avec une chambre mauresque...Sur les murs étaient accrochés des tableaux de Toulouse-Lautrec !
Les escapades de ces messieurs étaient bien entendu gardées secrètes; une simple mention dans leur agenda "Visite au Président du Sénat" était suffisante pour les retrouver facilement en cas d'urgence diplomatique...

Qui a tué Jaurès?

Au coin de la rue du Croissant et de la rue Montmartre, se situait le Café du Croissant. C'est là que, le 31 juillet 1914, Raoul Villain assassina Jaurès.

D'où la rue Vide-Gousset tire t-elle son nom?

Des nombreux vols à la tire qui s'y perpétuaient. Un gousset était une sorte de petite bourse, qui contenait de l'argent.

L'ancêtre du cinéma

Le Passage des Panoramas doit son nom et son succès d'antan à 2 énormes rotondes, dans lesquelles étaient exposées d'immenses toiles panoramiques peintes, représentant les grandes villes du monde. En ces temps où l'on n'avait du monde que des informations parcellaires, toute représentation imagée était fort appréciée, et le public s'y bousculait.

Un (café-)théâtre bien caché !

Au 6 de la rue Bachaumont, percée en 1899, se trouvait l'ancien passage du Saumon. Une salle de bal, l'Athénée Central, sera transformée en théâtre Molière en 1833. C'est là que la célèbre tragédienne Rachel fit ses débuts à 13 ans. La quasi-totalité de cet édifice fut démolie en 1899, mais on peut encore apercevoir, côté cour, certains vestiges comme ces colonnes engagées à chapiteaux corinthiens, ainsi que ces très originales façades en bois sculpté imitant des rideaux aux fenêtres.

 


Encore fallait-il le savoir...

Aux 45-47 rue Montmartre, se trouve une maison élevée au 18è siècle. Il faut s'approcher de la porte de droite pour y lire sur le bouton de la sonnette: "école". Il s'agit d'une école maternelle construite en 1889.

Mi-homme mi-bête?

Au 5 rue du Croissant, un étrange personnage orne la clef de la porte d'entrée: tête de chien à l'air farouche, mais on peut aussi y voir un homme couronné et barbu. Neptune, si l'on pense à la coquille St Jacques qui l'entoure? Pourquoi pas ? En tous cas, le mystère demeure...

Un souvenir emblématique du quartier

Au 142 rue Montmartre, vous pourrez admirer le siège d'un ancien journal "La France, journal du soir". Le quartier était parsemé de sièges de journaux, dont certains subsistent encore, mais ont déménagé depuis: le Figaro, l'Humanité, l'Aurore...Sur la façades, remarquez les deux atlantes aux extrémités, et deux cariatides, qui s'amusent à voir passer les passants...

Un atelier (d'artiste?)

Edifié en 1895, cet immeuble est un exemple remarquable de l'architecture industrielle: pierre de taille et structure métalliique. Souvenons-nous que nous sommes contemporains de la Tour Eiffel, du Grand et du Petit Palais. Le dernier niveau est particulièrement spectaculaire, avec son immense baie vitrée, qui abrite un atelier.

L'inventeur de la photographie vivait ici

Au 35 boulevard des Capucines, le photographe Nadar, l'inventeur de cette nouvelle technologie, avait son atelier. Il avait fait aménager le toit de fer et de verre, pour que ses modèles soient correctement éclairés. Ce toit a disparu sous une surélévation récente.

Une rue au nom bizarre; le mystère est dévoilé

La rue Tiquetonne, habitée dès 1292, doit son nom à un boulanger, du nom de...Quiquetonne. Le passage des ans a fait le reste.

La dernière tour médiévale de Paris

Au 10, rue Etienne Marcel, la tour Jean sans Peur faisait partie de l'Hôtel de Bourgogne. Dans la nuit du 23 au 24 novembre 1407, Louis d'Orléans, frère du roi Charles VI, est assassiné par des hommes de main du duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Par pure jalousie, car Louis se vantait de ses nombreuses conquêtes féminines, dont la femme de Jean sans Peur, Marguerite de Hainaut. Cet assassinat devait déclencher une guerre de près de trente ans entre les Armagnacs, partisans du duc d'Orléans, et les Bourguignons. Craignant la vengeance du fils du duc, Jean sans Peur fit construire cette forte tour de pierre contre son hôtel. Le duc de Bourgogne sera pourtant assassiné à son tour en 1419 au pont de Montereau.

Une rue qui portait bien son nom

La rue Marie Stuart a opportunément été débaptisée. En effet, au Moyen-Age, où l'on se posait beaucoup moins de questions métaphysiques qu'à l'heure actuelle, elle s'appelait tout simplement: "Tire-vit" ou "Tire-boudin". La proximité de la rue St Denis en faisait un lieu de prédilection pour la prostitution; c'est Fouché, ministre de la police sous Napoléon 1er, qui lui donna son nom actuel. Plus consensuel, mais plus éloigné de la réalité...
Dans le même registre, signalons que ces dames, pour exercer leur activité, louaient des baraques en planches, en "bords", comme l'on disait autrefois, d'où le nom...bordel !

 


L'ancêtre du Théâtre Français est né ici

A la fin du 13è siècle, des pélerins, rentrés de Palestine, allaient par troupes dans Paris raconter leur voyage et l'histoire de Jésus Christ. Ils obtinrent du roi Charles VI l'autorisation de donner des représentations dans une salle louée dans l'enceinte de l'hôpital de la Trinité, alors situé à l'angle des rues Greneta et St Denis. Le peuple se précipita pour assister à ces spectacles si nouveaux, et se passionna pour ces pièces naïves appelées "mystères" et ces farces appelées "sotties". On peut sans conteste affirmer que le théâtre moderne est bien né ici.

Une dangereuse conspiratrice

A l'angle des rues d'Aboukir et St Philippe se trouvait la maison du redoutable Fouquier-Tinville (1746-1795). Nommé accusateur public du Tribunal Révolutionnaire, il se fit remarquer par son zèle et sa cruauté, ce qui lui valut le surnom de "Pourvoyeur de la guillotine". C'est ainsi qu'il fit condamner à mort Madame de Montmorency-Laval, dernière abbesse de Montmartre. Cette dernière, sourde et aveugle, n'était certainement pas une menace contre la République. Fouquier-Tinville l'accusait pourtant "d'avoir conspiré contre la République, sourdement et aveuglément"...

Elle empoisonnait vraiment la vie de ses contemporains

Au 23/25 rue Beauregard, près de la Porte St Denis, habitait Catherine Deshayes, veuve Monvoisin, plus connue sous le nom de "la Voisin". C'était, parmi les 300 diseuses de bonne aventure de Paris à l'époque de Louis XIV, l'une des plus célèbres. Elle ne faisait pas que prédire l'avenir, elle avait une certaine tendance à l'influencer, grâce à ce qu'elle appelait ses "poudres de succession", si vous voyez ce que je veux dire...
A la demande d'une épouse, d'un mari, d'un fils ou d'une fille, elle offrait ses services, moyennant finances, bien entendu. Elle était aussi avorteuse et sorcière, et sacrifiait des nouveaux-nés à la préparation de philtres magiques ou d'élixirs d'amour. Ainsi, Madame de Montespan fit prendre au roi Louis XIV , à son insu, un philtre d'amour pendant des années. Elle ne fut véritablement inquiétée que lorsqu'on apprit qu'elle avait organisé des messes noires avec sacrifices d'enfants et invocations de démons. Le scandale fut tel qu'elle fut condamnée et brûlée vive en place de Grève (actuelle place de l'Hôtel de Ville).

Une Bourse itinérante

Si la Bourse a été officiellement créée en 1724, cela signifie évidemment qu'elle n'a pas toujours occupé le prestigieux bâtiment commandé en 1806 par Napoléon Ier à l'architecte Brongniart. Effectivement, elle s'est tenue successivement: dans la galerie Vivienne du Palais Mazarin jusqu'en 1793, dans les appartements d'Anne d'Autriche au Louvre jusqu'en 1796, à l'intérieur de l'église Notre-Dame des Victoires, puis au Palais-Royal et enfin dans le magasin de décors de l'Opéra, rue Feydeau.

Un philosophe qui inspira la devise d'un pays

Au 16, rue de la Banque, Auguste Comte, le père de la philosophie positiviste, enseigna gratuitement...l'astronomie ! Libre penseur, il considérait que le positivisme, qu'il prônait, était le stade ultime de l'humanité, supérieur à la religion. Attaqué par l'Eglise, et surveillé de près par le gouvernement, il cessera ses cours, dispensés pendant plus de 17 ans, en 1847. Il décèdera en 1857. Sur sa tombe, au Père Lachaise, est inscrite sa devise, qui figure sur le drapeau du Brésil: "L'Amour pour principe, l'Ordre pour base, le Progrès pour but."

Les quatre esclaves se sont échappés !

Sur la place des Victoires trône une statue équestre de Louis XIV, honorant le souverain pour ses victoires pendant la guerre de Hollande, et la paix de Nimègue qui s'ensuivit. Celle-ci a une histoire étonnante.
Ce n'est pas la statue originale que vous voyez aujourd'hui. Elle a été sculptée par Bosio, et commandée par Louis XVIII. L'originale, elle, fut détruite à la Révolution. Elle montrait le Roi Soleil debout, entouré de quatre esclaves (qui, eux, n'ont pas été détruits et sont exposés au Louvre), représentant les nations soumises par le Roi Soleil: l'Espagnol, l'Allemand, le Hollandais et le Turc. Autre curiosité: la place des Victoires est ronde, ce qui était une première à l'époque, où elles étaient plutôt carrées.

Le bagnard chef de la police

Dans la Galerie Vivienne habitait François Vidocq. Bagnard réussissant à s'évader à plusieurs reprises, il deviendra Chef de la Sûreté de Napoléon Ier, en 1809 et assura remarquablement sa mission. Il ne fut révoqué qu'en 1832, soit 17 ans après la chute de l'Empire !
Il logea au n°13, où il s'installa en 1840. On dit, mais c'est sans doute une fausse rumeur (?), qu'un souterrain reliant le passage au Palais-Royal permettait à Vidocq de disparaître en cas de danger...

 


Un assassinat pour rien

Square Louvois se trouvait l'Opéra de Paris, en 1820. En sortant d'une soirée, le duc de Berry, neveu du roi Louis XVIII, est poignardé par un ouvrier, un dénommé Louvel, qui dira simplement: "Je considère les Bourbons comme des ennemis de la France; je n'ai pas raté mon coup. Je suis content."
Mais il ignorait que la duchesse de Berry était enceinte du futur duc de Bordeaux. La lignée des Bourbons n'était pas éteinte. Louvel avait raté son coup. Un coup pour rien, en quelque sorte...

Le plus grand spirite de tous les temps vécut en plein Paris

Au 59 de la rue Ste Anne s'ouvre le passage du même nom. Celui-ci ne serait jamais passé à la postérité, s'il n'avait abrité un certain Denizard-Hippolyte Rivail. Très sceptique envers les expériences de tables tournantes très en vogue au milieu du 19è siècle, il assista néanmoins à l'une d'entre elles chez Madame de Plainemaison. Ce fut une révélation pour celui qui se fit désormais appeler Allan Kardec. Il publia à compte d'auteur Le Livre des Esprits, qui connut un succès inimaginable. Il créa ensuite la Revue Spirite, dont le siège était Passage Ste Anne. Des milliers de fidèles venaient l'écouter et des groupes de disciples apparurent dans toute la France. Il est enterré au Père Lachaise, où sa tombe est très certainement encore aujourd'hui la plus fleurie de toutes. Demandez au gardien où elle se trouve, il vous répondra sans hésitation...
Autre célébrité du passage: Louis-Ferdinand Céline, qui vécut au n°64.

Un bâtiment dédié aux arts ?

Dans le carré que forment les rues Dalayrac et Marsollier, se trouve un bâtiment (dont l'entrée est située face à la rue Méhul), qui abrita successivement: l'Opéra Comique, le Théâtre de la Rennaissance, les Italiens, et enfin l'Opéra, avant qu'il ne trouve définitivement sa place au bout de l'avenue éponyme.
On y joua Ruy Blas, la célèbre pièce de Victor Hugo, en 1838. Elle y reçut un accueil triomphal.
Plus prosaïquement, il abrite maintenant les services sociaux de la Banque de France. O tempora, O mores !

Ici est né le baba au rhum

Au 51 rue Montorgueil, la porte de l'immeuble est surmontée des attributs de l'architecture et de la boulangerie Stohrer, fondée par le boulanger de Marie Leczynska. Stohrer y inventa le baba au rhum en 1730. Respect...

Une galerie très nationale

La Galerie Colbert fut ouverte en 1828 et connut un vif succès, pour sa rotonde et ses jolies boutiques. Galerie à l'usage de la Bibliothèque nationale, on y trouve non seulement une boutique et le Grand Café Colbert, très 1900, , mais aussi un auditorium, une bibliothèque pour enfants, les musée des Arts du spectacle, et le musée Charles Cros, qui présente des costumes, des maquettes et des instruments de musique, qui font partie de la Phonothèque Nationale.

Une vocation très littéraire

Le quadrilatère compris entre les rues Richelieu, des Petits-Champs, Vivienne et Colbert est occupé aujourd'hui par la Bibliothèque Nationale. C'était à peu près le périmètre du palais Mazarin. Il fut divisé, à la mort du cardinal, entre ses héritiers. C'est l'hôtel de Nevers, l'un des héritiers, qui abritera finalement la bibliothèque. La marquise de Lambert y loua une aile en 1698 et jusqu'à sa mort en 1733, où elle tint un salon littéraire très prisé et qui fut fréquenté entre autres par Marivaux. Puis le roi récupéra les bâtiments pour y installer son cabinet des Médailles. Les agrandissements successifs allaient bientôt lui permettre de couvrir l'immense propriété du cardinal Mazarin.

Quand la jalousie a du bon

En 1790, Mlle Montansier crée le Théâtre des Variétés, à l'emplacement de l'actuel Théâtre du Palais-Royal. Jaloux du succès de cette scène, les Comédiens-Français voisins obtiennent de Napoléon 1er un décret chassant leurs concurrents. La Montansier finance alors la construction d'un théâtre neuf, situé 7 boulevard Montmartre. Inauguré en 1807, le théâtre connaît un succès croissant, notamment grâce à ses vaudevilles. En 1836, on y crée "Kean", d'Alexandre Dumas père. Son apogée est atteinte lorsque Jacques Offenbach s'y installe pour monter "La Belle Hélène " en 1864, et "La Grande-Duchesse de Gerolstein" en 1867, avec la belle Hortense Schneider en vedette.

Un journal populaire

Au 142 rue Montmartre, si vous gardez le nez en l'air, vous pourrez voir sur la corniche un vestige de ce qui fut le siège du journal "La France", journal populaire.  Créé en 1862, il voit son audience augmenter en 1877, grâce au talent de polémiste  et d'animateur de son nouveau propriétaire, Emile de Girardin, dont Victor Hugo disait: "On lui doit ce progrès mémorable: la presse à bon marché". Ce journal républicain, farouchement opposé à Mac Mahon, accueillit des polémistes et un dictionnaire des girouettes !

Le temple mythique du cinéma

Jacques Haïk, un riche producteur, décide en 1930 de créer le Grand Rex, une salle de cinéma de 3 300 places sur le modèle des salles atmosphériques américaines. Il fait venir des USA des architectes spécialisés, et 50 musiciens peuvent jouer dans la fosse. Rappelons qu'à l'époque, les films sonorisés étaient encore rares.
Cette salle mythique fut équipée dès l'origine d'améliorations exceptionnelles : sièges équipés d'appareils pour les personnes malentendantes, loges, infirmerie, chenil et nursery. La salle est inaugurée le 8 décembre 1932 avec Les Trois Mousquetaires de Diamant-Berger.

L'assassinat du Vert-Galant

Le 14 mai 1610, rue de la Ferronnerie, vers 15 heures, le bon roi Henri, "le Vert galant", se promène dans Paris. Les sondages n'existent pas à l'époque, mais le roi de France n'hésite pas à se mêler aux Parisiens pour connaître l'état de l'opinion publique à son égard. Un géant roux, appelé Ravaillac, profite d'un attroupement pour poignarder Henri IV à deux reprises. Celui-ci meurt presque instantanément.
C'est donc sa mère, Marie de Médicis, qui devient instantanément régente du royaume.
Curieusement, elle a été sacrée reine...la veille ! Alors, simple hasard de l'Histoire, ou complot ? Quand on connaît l'ambition démesurée des Médicis, on peut légitimement émettre un doute sur l'acte isolé d'un fou. Ravaillac porte bien le chapeau...
Ah, un dernier détail: le dossier de cette affaire brûla entièrement huit ans plus tard. Nul ne pourra jamais expliquer le mobile du geste de Ravaillac. Hasard, hasard, comme tu fais bien les choses...

 


La prédiction réalisée

Lorsque son père menaça le petit Pierre-François Lacenaire, très turbulent, de la guillotine "Voilà où tu finiras si tu continues !", celui-ci était très loin de penser que l'Histoire lui donnerait raison.
Poète, il a dilapidé ses maigres économies au jeu, et survit misérablement comme tant d'artistes à son époque. Devenu faussaire par la force des événements, il monte à Paris en 1829. La même année, il commet son premier crime de sang, à l'occasion d'un duel. Puis, suite à des vols, il se fait emprisonner pendant un an à Poissy. C'est là qu'il rencontrera deux voyous qui vont bouleverser sa vie: Pierre-Victor Avril et Jean-François Chardon. Leur plan: attaquer les garçons de recette, en les assassinant au besoin. Cibles faciles, et gain assuré. Pourtant, il "s'entraînera" avec Avril, en assassinant son ancien complice Chardon, passage du Cheval Rouge. Et pour faire bonne mesure, il ajoute au tableau sa vieille mère impotente... Et le 31 décembre 1834, au 66 rue Montorgueil, ils blessent un garçon de recette de 18 ans, qui a juste le temps de s'enfuir, sans que les bandits aient eu le temps de faire main basse sur les 13 000 francs que contenait la sacoche du garçon-payeur. Ses complices Avril et un dénommé "François" qui a rejoint la bande entretemps, sont arrêtés. Ils dénonceront Lacenaire, qui ne sera mis sous les verrous que le 2 février 1835. Beau parleur, mégalomane, il n'hésitera pas à s'accuser de tous les crimes, en ajoutant d'autres non prouvés... Ses derniers mois passés en prison seront utilisés à écrire ses mémoires. Il sera décapité le 9 janvier 1836, devant 4 000 curieux. Il faudra deux essais pour que la guillotine fasse son oeuvre. Le premier a échoué; la nuque n'a été qu'entaillée...
Papa avait raison.

Ce n'était pas un hasard

C'est au 35 boulevard des Capucines, dans l'atelier du photographe Nadar qu'eut lieu au printemps 1874 la première exposition de peintures...impressionnistes: Renoir, Manet, Monet, Sisley...

La rue St Denis a bien perdu sa vocation...

Si l'on connaît la rue St Denis pour sa "légèreté", on sait moins qu'à partir du 13è siècle elle fut jalonnée de maisons charitables qui contribuèrent au développement économique de la rue. La Confrérie de St Jacques, au n° 135 recevait les pèlerins au départ de St Jacques de Compostelle. Proche de l'église St Sauveur, l'Hôpital de la Trinité, au n° 142, recueillait les voyageurs après le couvre-feu; enfin, les Filles-Dieu, aux N° 223 à 239, accueillaient les "femmes repenties". Maintenant, disons que c'est un autre genre de charité qui s'exerce dans la rue...

La Tour de Jean sans Peur

Au 20 rue Etienne Marcel, c'est le plus vieux bâtiment d'architecture militaire intact de Paris. Mais voici son histoire: une école primaire fut construite en 1875, à l'emplacement de la résidence parisienne des Ducs de Bourgogne. L'origine du palais remonte au 13è siècle. Le 6 mai 1270, Robert d'Artois acheta "hors les murs" une demeure qu'il agrandit avec l'aide de sa fille, la comtesse Mahaut. Son domaine était circonscrit par la rue St Denis à l'Est, Montorgueil à l'Ouest, Tiquetonne au nord et Etienne Marcel au sud. Un siècle plus tard, à la suite d'une alliance entre la famille d'Artois et la Maison de Bourgogne, , les ducs de Bourgogne choisirent cet hôtel comme résidence parisienne et Jean sans Peur en hérita, en 1404. Il fit édifier, entre 1409 et 1411, un corps d'hôtel et une tour fortifiée. Après la mort de Charles le Téméraire en 1477, Louis XI annexa le palais des Ducs de Bourgogne à la couronne royale. Puis, en 1543, François 1er mit en vente le domaine, presque ruiné. La rue Française (de François 1er) ouverte à cette époque le coupait en deux parties. Dans la parcelle ouest, que les Confrères de la Passion acquirent en seconde main, fut créé le théâtre de l'Hôtel de Bourgogne. En récompense de ses services rendus pendant sa captivité en Espagne, François 1er offrit à Diego Mendoza la partie orientale du domaine incluant la Tour Jean sans Peur, désormais appelée Hôtel de Mandosse. La tour fortifiée fut transformée en appartements, puis réhabilitée et classée Monument historique en 1884. Elle constituait un donjon imprenable, muni d'une chambre de sûreté à l'usage de Jean sans Peur. Il la fit construire pour se porémunir d'une éventuelle vengeance du parti Armagnac, après qu'il eut commandité le meurtre de Louis d'Orléans, frère du roi.

 

 

Quand les turlupinades ne faisaient pas rire monsieur le curé

Ce nom passé dans le langage courant vient, comme beaucoup d'autres, d'un nom propre; c'est l'acteur Turlupin qui triomphait en tre 1615 et 1621 au Théâtre de l'hôtel de Bourgogne, berceau de la Comédie Française. Il était situé rue Mauconseil. Il attirait notamment la nombreuse population des Halles, qui s'y bousculait, troublant ainsi le service religieux à l'église St Eustache; Les autorités de l'église, indignées par le répertoire souvent scandaleux des comédiens, déposèrent de nombreuses plaintes au Châtelet.

Pas touche !

Au 39 rue Tiquetonne, la façade d'un restaurant est pourvue d'une grille; hum, ce n'est pas très commercial, tout ça... En fait, cette disposition est liée à un règlement de police du 16è siècle, qui visait à protéger portes et fenêtres des chapardeurs.

La galerie dans la galerie

Galerie des Panoramas, Rodolphe Julian ouvrit une académie, en 1868. Mais pas n'importe quelle académie. C'était une "Académie libre de peinture", où les peintres travaiallaient...librement ! Mais pas n'importe quels peintres, puisque Vuillard, Bonnard, Bougureau ou Gauguin la fréquentèrent. Devant le succès remporté par la première galerie, Julian en ouvrit une seconde, au 51 rue Vivienne. La portraitiste Amélie Beaury-Saurel, son épouse, dirigea cet atelier de femmes sa vie durant.

M le gourmand

Si vous levez les yeux vers les étages du 44 rue Vivienne, vous pourrez y lire un monogramme, un "M". Rien de maudit, rassurez-vous, mais plutôt de la gourmandise. En effet, c'est ici que s'était établi le fameux confiseur Marquis, en 1831. Le monogramme "M" se lit sur un médaillon incrusté ultérieurement dans le bow-window.

Le cocotier lumineux

La galerie Colbert a eu chaud... En fait, vous n'auriez peut-être jamias eu l'occasion de la connaître, et de l'admirer, si elle n'avait pas été reconstruite à l'identique, avec une hauteur sous plafond réduite. Très appréciée au mileu du 19è siècle,  elle tomba peu à peu à l'abandon, et fut détruite par son nouveau propriétaire, la Bibliothèque Nationale, en 1974. Elle fut sauvée par Louis Blanchet, qui la reconstruit en 1981/1985. Quant au cocotier, il s'agissait du fameux Cocotier lumineux, candélabre photographié par Eugène Atget en 1900. A sa place trône une superbe Vénus en bronze, fondue en 1822.

 


Pas de boulevards

Etonnant, mais le 2ème arrondissement, celui des Grands Boulevards justement, n'est traversé par aucun boulevard ! Et c'est le seul dans ce cas à Paris. Si vous regardez bien, il est bordé par 7 boulevards: Sébastopol, Bonne-Nouvelle, Poissonnière, Montmartre, des Italiens, et des Capucines. Mais aucun ne le traverse...