Où se
trouve l'Eglise St Germain l'Auxerrois?
Lorsque vous lui faites face, le campanile central est flanqué de deux
bâtiments fort semblables. L'église est à droite. A gauche, c'est la Mairie du
1er arrondissement. Vous en aurez la confirmation en observant le drapeau
tricolore à son balcon. Paroisse du Louvre, paroisse du Roi, l'église St
Germain l'Auxerrois est intimement associée à l'histoire de France. C'est sa
cloche qui donna le signal du massacre de la St Barthélémy, le 24 août 1572, et
c'est sous grandes orgues que fut assassiné Cocini, le favori de Marie de
Médicis, le 24 avril 1617. Enseveli à la hâte, il fut exhumé par la foule, qui
le mit en pièces.
Que signifient les lettres gravées sur les façades du Louvre?
Sachez reconnaître les monogrammes des maîtres d'oeuvre du Louvre.
Regardez bien les façades; si vous trouvez un H et un C entrelacés, ils nous
rappellent au bon souvenir d'Henri II et Catherine de Médicis. Et lorsque ceux
ci (le H et le C) sont accolés de telle manière que l'on peut lire un D, il
s'agit de Diane de Poitiers, la maîtresse du roi. Clin d'oeil de l'Histoire...
Des K entrelacés sont le monogramme de Charles IX.
Pour HDB, pensez à Henri de Bourbon, c'est à dire Henri IV.
H et G tendrement entrelacés: Henri IV et Gabrielle d'Estrées, sa maîtresse. Ce
n'est pas pour rien qu'on l'appelait le Vert Galant...
Avançons un peu dans le temps: un L ou la lettre lambda se rapportent à Louis
XIII.
Un A et un L sont la marque de Louis XIII et de son épouse, la reine Anne
d'Autriche.
LLMT entrelacés sont les monogrammes de Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse
d'Autriche, son épouse.
Un N rappelle Napoléon 1er, et deux L dos à dos, Louis XVIII.
L et N entrelacés signifient Louis Napoléon (le futur Napoléon III), et N
encadré par deux E correspondent à Napoléon III et son épouse l'Impératrice
Eugénie de Montijo.
Pour finir, si vous trouvez quelques R (par exemple sur une cheminée du
pavillon de Marsan), nul Raoul, Robert ou René, mais c'est la République qui a
usurpé l'Histoire, en s'attribuant la construction de bâtiments auxquels elle
n'avait nullement contribué.
Qui est représenté en haut de la colonne Vendôme?
C'est Napoléon 1er. Mais l'histoire de cette statue fut presque aussi
mouvementée que celle de son illustre modèle. Elle fut érigée pour la première
fois en 1810, et coulée dans le bronze de 1200 canons pris aux Russes et aux
Autrichiens à Austerlitz, le 2 décembre 1805. Elle sera fondue, lors de la
Première Restauration, en 1814. Rétablie sous une autre forme par
Louis-Philippe en 1833, elle sera de nouveau changée par Napoléon III, puis
abattue par les Communards, en 1871, sous les ordres du peintre Gustave
Courbet. Elle fut rétablie sous sa forme actuelle en 1875.
Que peut-on observer d'insolite à la Conciergerie?
Sur un des piliers, on remarque que le niveau de la crue de 1910 a été indiqué.
Et
sur l'église St Roch?
Rue St Honoré, sur la façade de l'église St Roch, on peut encore voir les
impacts des balles des insurgés royalistes, réprimés en 1795 par Bonaparte.
Pour la petite histoire, il s'était rallié aux royalistes, plus rémunérateurs,
mais négocia ferme avec les Conventionnels un poste important en cas de
victoire contre les insurgés. En effet, récent vainqueur du siège de Toulon face
aux Anglais, il avait acquis toute la confiance des Révolutionnaires, en mal de
victoires. Il régla l'affaire, après avoir réglé celle de Suzanne, une petite
ouvrière avec qui il avait prévu de passer la soirée à l'Opéra Comique. Après
avoir laissé 500 morts sur le pavé, l'insurrection royaliste était bel et bien
anéantie, et le Général Vendémiaire, nouveau surnom de Bonaparte le
héros-sauveur-de-la-Patrie, avait acquis une renommée qui ne devait jamais
décliner, même après sa mort, en 1821...
D'où la rue de l'Arbre Sec tire t-elle son nom?
Pour une fois, il ne s'agit pas d'une enseigne, mais d'un gibet qui s'y
dressait. Au n°4 se situe l'Hôtel des Mousquetaires, où habita D'Artagnan. A
l'angle de la rue de l'Arbre Sec et de la rue de Rivoli s'élevait l'Hôtel de
Ponthieu, dans lequel fut assassiné l'Amiral de Coligny, pendant la nuit de la
St Barthélémy. Bon, une autre version (une légende ?) répandue dans le quartier
parle d'une enseigne aujourd'hui disparue, qui représentait un arbre égyptien
toujours vert, qui serait devenu sec à la mort du Christ. Puisque l'on est dans
cette rue, j'en profite pour signaler la mort semble t-il par hasard (mais on
parla d'empoisonnement), à l'hôtel de Sourdis, au n°21 de la rue, de Gabrielle
d'Estrées, maîtresse d'Henri IV. Elle était enceinte de son troisième enfant;
le Vert Galant pleura longtemps sa dame de coeur...
Qui était Milord l'Arsouille?
Au 5, rue de Beaujolais, un cabaret porte le nom de Milord l'Arsouille. C'était
le nom d'un excentrique célèbre au 19ème siècle, bon vivant, qui distribuait
généreusement ses millions, et s'entourait d'une cour d'amis qui profitaient
abondamment de ses prébendes.
Une bien curieuse tradition...
A l'angle de la rue de la Cossonnerie et de la rue Pierre Lescot existait en
1550 une maison à l'enseigne de "La truie qui file". A l'époque de la
mi-carême, des groupes de jeunes gens se réunissaient devant la maison pour
boire et chanter. Un jeune garçon et une jeune fille étaient alors choisis par
les participants, et hissés sur leurs épaules à hauteur de l'enseigne. Ils
devaient alors embrasser la truie, puis se cracher au visage., car ce jour-là,
seule la truie devait être honorée. Si par malheur le garçon et la fille
s'embrassaient, ils étaient déculottés et fouettés devant toute l'assemblée.
Une marque tragique
Au niveau du 11 rue de la Ferronnerie, au sol, est désigné l'emplacement exact
où Henri IV fut assassiné par Ravaillac, le 14 mai 1610. Deux charrettes
s'étant heurtées à cet endroit, les serviteurs du roi se précipitèrent pour
porter assistance aux blessés. C'est ce moment, pendant lequel le roi était
sans surveillance, que Ravaillac choisit pour le frapper. La rue tient son nom
des marchands de fer, autorisés par St Louis à s'installer ici et à dresser
leurs inventaires, près du Charnier des Innocents. Clin d'oeil de l'histoire,
la boutique devant laquelle eut lieu l'assassinat s'appelait "Le coeur
couronné, percé d'une flèche". Etonnant non ?
Une conspiration évitée de justesse
21, rue de la Grande Truanderie (la bien-nommée...) fut arrêté Gracchus Babeuf,
un célèbre conspirateur, qui projetait de supprimer les membres du Directoire,
et d'exécuter pas moins de 30 000 personnes, brûler des bâtiments publics,
piller des boutiques et des magasins. Le premier anarchiste ?
La
vérité sur le cimetière des Innocents
Square des Innocents, l'église, fondée vers 1130, abritait une fosse commune de
6 m de profondeur, où étaient enterrés les cadavres, enveloppés d'un simple
linceul. La terre des Innocents passait, en effet, pour excellente: "Elle
mange son cadavre en 9 jours". Malgré cette vertu (imaginaire), les
cadavres s'amoncelaient et il fallut bientôt construire des galeries à arcades,
dont les combles étaient destinés à recevoir les nouveaux corps. Sous ces arcades
proliférèrent des boutiques de mode, de lingerie et de mercerie. Malgré
l'effroyable odeur, les clients affluaient. Entre les tombes et les tas
d'ossements, des écrivains publics officiaient à rédiger de brûlantes lettres
d'amour pour 20 sols ou des exploits de procès. Des peintres exposaient leurs
oeuvres, et des prostituées se vendaient au plus offrant. Durant les nuits
d'hiver, les truands de la Cour des Miracles voisine se réunissaient derrière
les sépultures et se chauffaient en brûlant des os dérobés aux charniers. En
1590, la famine fut si terrible à Paris, que les os des charniers furent broyés
pour en faire... du pain ! Bon appétit !
D'où vient le nom de la Rue de l'Echelle ?
Cette rue tire son nom de l'échelle dressée en ce lieu avant la Révolution. La
justice de l'évêque y envoyait, pour être exposés au public, les maris
infidèles, les parjures et les profanateurs.
Pourquoi une statue de Janne d'Arc rue de Rivoli ?
Cette statue, dressée en cette rue (plus particulièrement place des Pyramides),
marque l'endroit où elle fut blessée lors du siège de Paris en 1429.
La Dame aux Camélias a bien existé
15 boulevard de la Madeleine, dans l'entresol, vécut Alphonsine Plessis, qui
servit de modèle à la Dame aux Camélias.
Quelle est l'origine du nom étrange des Magasins de la Samaritaine?
En fait, c'était le nom d'une pompe située sous la 2ème arche du Pont-Neuf, qui
avait été construite dès le début du 17è siècle. Elle était destinée à
alimenter en eau les Parisiens, de plus en plus nombreux. En cela, elle rappelle
l'anecdote de la Samaritaine qui offrit de l'eau au Christ, pour le désaltérer
sur son chemin de croix.
Sur le Pont-Neuf s'installa un bonimenteur, qui vendait ses marchandises dans
un grand parapluie rouge.
Il fera fortune, et fondera les Magasins de la Samaritaine en 1870, alors
modeste petit commerce.
Il s'appelait Ernest Cognacq. Il épousera en 1872 Marie-Louise Jay. A eux deux,
ils développèrent leur petit commerce, tant et si bien qu'ils achetèrent les
immeubles attenants. Véritables philanthropes, ils octroyèrent à leurs
employés, bien avant l'heure, des avantages sociaux très en avance pour
l'époque: un système de retraites, des logements à prix réduits, etc...
Pour la petite histoire, l'architecte Frantz Jourdain, qui construisit le
magasin, conseilla Emile Zola pour la partie descriptive du "Bonheur des
Dames".
Une colonne qui était aussi un bien étrange observatoire...
Au coeur du 1er arrondissement, rue de Viarmes, tout près de l'église St
Eustache, se dresse une étrange colonne. Première colonne isolée érigée dans la
ville à la fin du 16è siècle, elle suscita la curiosité de ses contemporains et
la légende raconte que le bâtiment serait protégé par des forces occultes... A
l'origine, elle faisait partie intégrante de l'hôtel de la Reine, une
somptueuse demeure dont Marie de Médicis confia la construction à l'architecte
Jean Bullant. Elle fut élevée de 1574 à 1584. Mais pourquoi venir s'établir
ici, alors que le château des Tuileries était en cours de réalisation? Il
semble que tout soit parti d'une prédiction de l'astrologue de la reine, le
Florentin Cosme Ruggieri. Ce dernier avait annoncé à la régente qu'elle allait
mourir "à l'ombre de St Germain". Très superstitieuse, Marie de
Médicis décida donc de quitter les Tuileries, qui dépendaient de la paroisse de
St Germain l'Auxerrois, pour rejoindre celle de St Eustache.
La reine demeura 14 ans dans son superbe hôtel particulier, avant de s'éteindre
à Blois, le 5 janvier 1589, confessée par un prêtre dénommé Julien...de St
Germain ! La destination de cette colonne a soulevé de nombreuses
interrogations. Il est probable qu'elle ait servi d'observatoire aux
astrologues de Catherine de Médicis. En revanche, la présence au sommet du
chapiteau, de cercles et de demi-cercles en fer entrelacés de façon à former
une sorte de cage, reste pour l'instant inexpliquée.
Un cabaret très discret
Au dessus de la porte d'entrée du 9, rue Montorgueil, on distingue très
nettement un croissant de lune sculpté, entouré de nuages. C'est le seul
élément de décor qui subsiste d'un cabaret célèbre à l'époque (en 1730). On
peut aussi distinguer, au niveau de la fenêtre centrale du premier étage, un
mascaron à tête de femme.
Un souvenir du passé
27 rue de la Sourdrière, entrez dans la cour; dépassant de la toiture, une
poulie surplombe la rue, rappelant que pour s'occuper des chevaux, il fallait
monter (ou descendre) la paille et le foin au grenier.
Un monogramme explicite
6 rue St Germain l'Auxerrois, se trouve une école maternelle. Observez bien les
garde-corps en fer forgé: en leur centre, vous y découvrirez un V et un P
entrelacés. Il s'agit du monogramme désignant la Ville de Paris.
Le temps passe...
Il y a environ 120 cadrans solaires sur les façades des immeubles parisiens.
L'un des plus célèbres, 14, quai des Orfèvres, sur une des façades du Palais de
Justice, est orné d'un bas-relief, sous lequel on peut lire: "Hora fugit
stat jus", c'est à dire "Le temps passe, la justice demeure".
Une fontaine baladeuse
La Fontaine des Innocents, oeuvre Renaissance de Pierre Lescot et Jean Goujon,
fut érigée entre 1546 et 1549. Autrefois adossée au cimetière des Innocents, à
l'angle des rues St Denis et Berger actuelles.
Elle fut déplacée au centre de la place Joachim du Bellay au 18è siècle, quand
le cimetière fut supprimé.
La première poste de Paris
Auparavant, le service des postes n'acheminait les courriers que vers la
Province ou l'étranger. Les plis destinés à Paris intra muros étaient acheminés
par les domestiques. Il fallut attendre le début du 18è siècle et l'initiative
privée d'un philanthrope, Piarron de Chamousset, pour que la Petite Poste de
Paris vit le jour.
On peut encore la voir au 3, rue des Déchargeurs. Elle fonctionna de manière
indépendante, puis fut incorporée au Bureau Général des Postes en 1780.
Le pont aux pleurs
La première pierre du Pont Neuf a été posée le 31 mai 1578. Ce jour-là, les
Parisiens présents remarquèrent que le roi Henri III avait les yeux rougis par
les pleurs. En effet, celui-ci, habillé de noir, venait de perdre la veille en
duel trois de ses "mignons"...Ce qui fit dire aux Parisiens qu'au
lieu d'appeler ce pont "le Pont Neuf", il eût mieux valu l'appeler le
Pont aux Pleurs.
Plus tard, les bateleurs de toute sorte envahirent le pont. Parmi eux, un
dénommé Brioché, possédait un petit singe: Fagotin, qui mimait des duels avec
les badauds. Un jour, le singe mit son épée sous le nez...de Cyrano de
Bergerac! Celui-ci, distrait, se crut attaqué, tira son épée, et embrocha le
singe!
Brioché demanda un dédommagement à Cyrano, en compensation de la mort de son
gagne-pain. Celui-ci proposa de payer en...poèmes, et Brioché dut accepter cet
étrange paiement!
Un square bien peu recommandable pour les enfants
Dans le square du Vert Galant, près du Pont Neuf, vous découvrirez une plaque
qui rappelle le souvenir et l'endroit où furent brûlés vifs en 1314 Jacques de
Molay, Grand Maître de l'ordre des Templiers, et trois de ses disciples. Le roi
Philippe le Bel, ayant un impérieux besoin d'argent, et désirant casser la
puissance croissante des Templiers, les fait accuser de sorcellerie, et en
profita pour confisquer leurs biens. Avant de mourir, Jacques de Molay aurait
lancé cette malédiction: "Roi Philippe, sois maudit, toi et tous tes
descendants, avant un an tu paraîtras devant le tribunal de Dieu!".
Quelques mois plus tard, le roi, qui se portait pourtant comme un charme, était
mort.
Nul n'a pu expliquer la cause de son décès soudain.
Une pirouette, et hop ! Au pilori !
A l'angle de la rue Pierre Lescot et de la rue Rambuteau, se trouvait la rue
Pirouette. C'est là que se situait le Pilori du Roi. Le mot pilori vient du
fait que le premier appareil de ce type était situé près du puits d'un
bourgeois nommé Lori (le puits-Lori). Le pilori était une tour de maçonnerie,
avec à son sommet une roue horizontale en fer, sur laquelle étaient attachés
jusqu'à 6 condamnés! Parmi les crimes punis du pilori: commerçants utilisant de
faux poids, faux témoins et...femmes adultères. La roue effectuait un tour
entier en deux heures; officiellement, on ne pouvait jeter aux malheureux(ses)
que de la boue ou des ordures, mais pas d'objets contondants ou de pierres.
L'histoire ne dit pas combien de condamnés furent tués par des projectiles
"oubliés" dans une motte de boue, ou dans des sacs d'ordures.
La mémoire de la rue Pirouette est perpétuée au niveau -2 du Forum des Halles,
où une allée s'appelle Pirouette.
Une église qui ne fut jamais terminée
L'église St Eustache (dédiée à un saint martyrisé à Rome au 1er siècle) a été
commencée sous François Ier, en 1532. Si elle semble étrange, c'est qu'elle
n'est pas finie ! Elle est gothique dans son transept et ses arcs-boutants,
mais Renaissance dans son décor de pilastres sur les murs extérieurs. C'est
l'une des plus grandes églises de Paris (105m de long). Les obsèques de La
Fontaine y furent célébrées. Colbert, entre autres célébrités, y est inhumé,
dans la chapelle St Louis de Gonzague.
Une rue sans fin !
La rue de Viarmes était surnommée, au Moyen-Age, la "rue Eternelle".
Pour une bonne raison: elle n'avait ni commencement, ni fin, étant de
forme...circulaire !
Quand les charcutiers étaient amateurs de belle architecture...
La Galerie Véro-Dodat, qui donne 19 rue Jean Jacques Rousseau, a été construite
en 1826, en plein engouement des Parisiens pour les passages couverts. Ancêtres
de nos modernes galeries commerciales, ils étaient particulièrement appréciés,
car les rues de Paris, très embouteillées, étaient, en cas d'intempéries,
boueuses et dangereuses. On y glissait souvent, et les robes des élégantes de
l'époque n'y résistaient pas.
On y trouvait aussi des commerces à la mode, des cafés, des marchands de
frivolités, de bonbons, etc...
Les Compagnies de diligences dans le quartier amenaient une quantité de
voyageurs, qui firent son succès.
Ce passage en particulier fut financé par deux charcutiers, Messieurs Véro et
Dodat, qui avaient fait fortune (c'est bien normal, après tout), dans le
cochon. Ce qui fit dire à leurs contemporains que la galerie "fut
construite à coups de cervelas et de saucisson". Groinnnk !
Un Palais Royal très très très agité
C'est la Cardinal de Richelieu qui se fit construire le Palais Cardinal, devenu
plus tard Palais Royal. Le cousin de Louis XVI, Philippe d'Orléans (le futur
Philippe Egalité, qui, par son vote condamna Louis XVI à la guillotine, car son
sort n'avait été scellé que par une seule voix de majorité), qui avait besoin
d'argent, fit construire des galeries à arcades en bois, pour louer les
emplacements à des commerces. En fait de commerces, elles attirèrent aussitôt
presque toutes les prostituées de Paris (jusqu'à 400 !), et les tripots de jeux
clandestins s'y multiplièrent. Les galeries de bois furent remplacées par des
voûtes en pierre quelques années plus tard. C'est sous ces voûtes qu'un jeune
général corse plein d'avenir, un dénommé Bonaparte, fit sa première conquête.
La première d'une longue série...C'est aussi là, que Camille Desmoulins, le 12
juillet 1789, harangua la foule, monté sur une chaise. Deux jours plus tard,
c'est la prise de la Bastille, et le début d'une terrible et fantastique
aventure. La Révolution Française... Enfin, c'est au n°177 Galerie de Valois, à
la Coutellerie Badin, qu'une jeune royaliste, Charlotte Corday, acheta le
couteau avec lequel elle assassina Marat, dans sa baignoire où il soignait une
douloureuse maladie de peau. Après la chute de l'Empire, les vainqueurs qui
avaient besoin de se distraire, Blücher en tête, passèrent des nuits entières
dans les salles de jeux. Ils laissèrent sur le tapis vert plus d'argent que ce
que la France eut à payer comme indemnités de guerre à l'époque !. Comme quoi,
parfois, le vainqueur n'est pas forcément celui à qui l'on pense...
Le fantôme du Louvre a bien existé
Non, ce n'est pas Belphégor !
Un peu d'histoire: rêvé par Henri IV, ce furent tous les souverains successifs,
jusqu'à Napoléon III qui ont donné au Louvre son aspect actuel. Les Tuileries,
qui étaient reliées au Louvre, furent incendiées par les Communards en 1871, et
la IIIè République fit raser ce qui restait. Tout ? Oui, sauf une légende (?).
Celle de l'Homme Rouge des Tuileries. C'était le fantôme de Jean l'Ecorcheur,
qui vivait à l'époque de Marie de Médicis. Sur l'emplacement d'une fabrique de
tuiles (d'où le nom de Tuileries), Catherine de Médicis décida de se
faire construire une résidence hors Paris. Là, travaillait dans son abattoir
Jean l'Ecorcheur. Il surprit des secrets de la reine mère, et fut assassiné
pour cela par un dénommé De Neuville. Avant de mourir, Jean s'écria: "Je
reviendrai". Il tint vite parole. De Neuville, sentant une présence dans
son dos, dégaine et voit Jean: il lui assène un coup d'épée, dans le vide.
Affolé,il court chez la reine lui rapporter l'incident: elle ne fit qu'en rire.
Mais quelques jours plus tard, son astrologue, Ruggieri, lui assura avoir vu
devant lui un brouillard rouge se former, et un homme apparaître, lui dire
qu'il connaissait les secrets des Tuileries et le sort en général funeste de
ses occupants. La reine, cette fois fut troublée, et comme elle se retire, elle
crie: "L'homme rouge!" lorsqu'elle vit le fantôme apparaître.
Jusqu'au 18è siècle on n'en entendra plus parler. Marie-Antoinette sera la
prochaine à apercevoir l'Homme Rouge. Elle en sortit bouleversée. Quelques
jours avant Waterloo, Napoléon Ier le rencontra également. Après la chute de l'Empire,
Louis XVIII, sur son lit de mort, admit avoir rencontré l'Homme Rouge. Les
derniers à avoir vu le spectre furent les Communards, lors de l'incendie des
Tuileries en 1871. Alors ? Légende ou réalité ? Comment tant de personnages, si
différents, et à travers les siècles, ont-ils pu se tromper ? Hallucination
collective étalée sur 3 siècles ? Ou bien...
Un Palais qui mérite son nom, à plus d'un titre
Le Palais de Justice est en fait un empilement de bâtiments, de siècles très
différents. Il se trouve à l'emplacement même du premier château des rois de
France. Ainsi, les fils de Clovis y résidèrent, et plus tard le célèbre
Dagobert (de 629 à 639). Sur la gauche de l'entrée du monument, vous
trouverez l'accès à la Sainte Chapelle, église commandée par Saint Louis
(1226-1270). C'est Philippe le Bel qui décida d'agrandir le bâtiment, en 1298,
pour abriter (déjà) ses services administratifs et judiciaires.
Un testament philosophique
L'église St Germain l'Auxerrois, qui était la paroisse des rois de France,
recèle un petit secret. A l'intérieur , sur le sixième pilier à droite, on peut
lire le texte suivant: "Dans cette église, suivant le voeu de Willette
réalisé par Pierre Regnault, les artistes de Paris en union avec leurs
camarades du monde entier, viennent depuis le mercredi des Cendres de l'an 1926
recevoir les cendres et prier pour ceux d'entre eux qui doivent mourir dans
l'année." Adolphe Willette, peintre et dessinateur fantaisiste, est
notamment connu pour avoir décoré le cabaret "Le Chat Noir", à
Montmartre.
Quand le ragoût de mouton a un goût...particulier
8, rue des Halles, tout à côté de la rue de Rivoli et du forum des Halles, se
trouve un magasin unique à Paris. Il s'agit de la maison Aurouze, spécialisée
depuis des décennies dans la dératisation (pas étonnant dans ce quartier!) et
l'extermination des parasites (blattes, insectes nuisibles, rongeurs...). Dans
sa vitrine, en guise de décoration, vous serez étonné d'y trouver...des rats
empaillés, pendus par les pattes! Outre le fait qu'il s'agit, après tout, de la
meilleure publicité qui soit pour son activité, ces cadavres de rongeurs nous
rappellent qu'il n'y a pas si longtemps, pendant le siège de Paris par les
Prussiens, en 1870, les Parisiens affamés dévoraient tout ce qu'ils pouvaient:
les animaux du zoo de Vincennes, mais aussi les rats qui pullulaient dans ce
quartier. Ils étaient vendus par les bouchers bien achalandés entre 1 franc et
1,50 franc pièce. Pour allécher les clients, certains n'hésitaient pas à vanter
leur marchandise en affichant des panneaux rédigés avec humour, reconnaissons
le: "Rat goût de mouton"...
Tête de lard !
Dans le même quartier des Halles, deux rues au nom très proche, mais n'ayant
aucun point en commun.
La rue au Lard rappelle la présence de nombreux bouchers et charcutiers dans le
quartier, avant le déménagement à Rungis. L'autre rue, située à proximité mais
dans le 4è arrondissement, est la rue Pierre au Lard. Rien à voir, puisqu'il
s'agit de la déformation, au fil du temps, du nom d'un certain Pierre Oilart,
un bourgeois du 13è siècle, qui demeurait en ces lieux.
Des rats bien mystérieux
La seule "boule aux rats" de Paris se trouve dans l'église St Germain
l'Auxerrois. Mais qu'est ce qu'une boule aux rats? En réalité, et c'est le plus
étonnant, la signification de cette petite sculpture, qui fait office de
console pour supporter une gargouille (en l'occurence la seconde du flanc nord
de l'église), nous est encore inconnue. Le plus étrange, c'est que dans les
autres "boules aux rats" répertoriées (à Corbeil-Essonnes, au Mans, à
Toulouse, aux Ponts de Cé, à Carpentras et à Champeaux), les rongeurs entrent
dans ce qui représente la Terre. A St Germain l'Auxerrois, ils en sortent! De
plus, la Terre n'est pas surmontée d'une croix, à l'inverse des autres sites.
Parmi les explications proposées: il s'agirait d'une parabole rappelant que le
monde catholique était dévoré par les hérésies, la Réforme étant contemporaine
de leur construction.
Un poisson qui n'est pas là par hasard
A la hauteur du 1, rue Montmartre, sur l'un des flancs de l'église St Eustache,
on a gravé un poisson. Que fait-il à cet endroit ? Eh bien, rappelez vous que
nous sommes dans le quartier des Halles, où l'on ne traitait pas que la viande,
les fruits, les légumes et les fleurs! Les poissons, aussi, qui étaient livrés
en moins d'une nuit par des voituriers par la rue St Denis toute proche.
C'était la route directe des maréyeurs depuis les pêcheries de la Mer du Nord.
Plus au nord de Paris, la porte et la rue des Poissonniers nous en rappellent
le souvenir. Quant à elle, la rue Montorgueil était surnommée "la rue aux
huîtres"; je vous laisse deviner pourquoi.
Mais la présence de ce poisson a une histoire. La corporation des poissonniers,
on l'a vu, exerçait son activité, tout comme les autres, dans le quartier.
Lorsqu'on décida de construire l'église St Eustache, au 16è siècle, on ne
lésina pas sur le projet. Elle était considérée comme la plus belle de Paris,
et donc, la plus coûteuse. Tous les dons étaient les bienvenus. Or, un
poissonnier était endetté auprès d'un créancier astucieux. Ce dernier lui
proposa un singulier mode de remboursement: "Je te propose de me donner à
vie 10 pour cent par hareng que tu vendras". Le poissonnier accepta
l'offre, et vendit tellement de harengs qu'il fit la fortune de son créancier.
Celui-ci, conscient d'avoir acquis sa fortune d'une façon "pas très
catholique", eut des remords et devint l'un des bienfaiteurs de St
Eustache. Voilà pourquoi l'on trouve un petit poisson gravé sur l'un des murs
de l'église St Eustache !
Un restaurant qui a souvent changé d'étiquette
Au Palais-Royal, la galerie de Beaujolais abrite le Grand Véfour. En dehors de
sa réputation (justifiée), c'est le seul restaurant qui date de la création des
galeries (1784). Il a conservé ses décors Directoire pleins de charme. Ce fut
d'abord un café royaliste, qui devint vite un célèbre restaurant, attirant le
Tout-Paris: Murat, le Duc d'Orléans, le Duc de Berry, Lamartine, Ste Beuve,
Thiers, etc...
Non loin de là, au Véry, le peintre Fragonard, qui habitait rue de Beaujolais,
fut frappé d'apoplexie en mangeant un sorbet en 1806.
La pyramide inversée
Si la grande pyramide symbolise l'entrée du Louvre, à l'air libre, sa soeurette
inversée est en quelque sorte l'accès troglodyte emprunté par les touristes.
Elle porte bien son nom, puisque sa pointe touche presque le sol. Avec sa
pointe à 1m40 du sol, la pyramide ne peut échapper à votre champ de vision,
sorte de périscope cristallin dans lequel la lumière, les images et les ombres
ricochent en un diorama incendié. Pour bien en apprécier l'effet
kaleidoscopique, rendez-vous une heure avant le coucher du soleil.
Les colonnes de la discorde
Dans la cour du Palais-Royal, vous trouverez les colonnes de Buren. Si
l'endroit a toujours suscité la passion (des prostituées qui peuplaient le
site, en passant par Camille Desmoulins qui y prononça, debout sur une chaise,
un célèbre discours en juillet 1789, qui déclencha la prise de la Bastille),
cette initiative du Ministre de la Culture Jack Lang avait de quoi choquer les
contemporains. S'il est vrai que le parc hébergeait un parking de voitures
jusqu'en 1986, cette création architecturale est surtout réputée parmi les
Parisiens pour permettre à nos compagnons à quatre pattes de lever la patte...
La croix du bon St Eloi
Si les Mérovingiens n'apportèrent qu'un seul progrès (et c'est loin d'être le
cas), c'est sans doute l'orfèvrerie.
Ainsi, le Grand orfèvre Eloi, fut maître de la monnaie sous Clothaire II,
trésorier de Dagobert, puis de Clovis II. Il devint évêque de Noyon en 641. Il
fit notammer fabriquer une croix de 2 mètres de haut, commandée par Dagobert,
en or serti de pierres précieuses, qui fit partie du trésor de la basilique de
St Denis durant tout l'Ancien Régime. Elle fut, hélas, fondue à la Révolution.
Il n'en reste qu'un fragment au Cabinet des médailles, 58 rue de Richelieu.
Liberté, que de crimes on commet en ton nom !
Une chapelle qui n'a pas de prix
La Sainte Chapelle, vous connaissez sans doute. Située au 4 boulevard du
Palais, elle fut construite sur l'ordre du très pieux Louis IX, appelé aussi
Saint Louis. Jusque là, rien de particulier...
Mais voici son histoire, plutôt étonnante: de passage en France en 1237,
l'empereur franc de Constantinople Beaudoin de Courtenay propose à Saint Louis
de lui vendre, pour l'énorme somme pour l'époque de 35 000 livres, la plus
précieuse relique de la Passion du Christ, la couronne d'épines.
En 1241, de nouveau désargenté, Beaudoin propose à son riche et crédule client
un morceau de la Vraie Croix, les clous ayant servi à l'y fixer, du sang de
Jésus, la Sainte Lance, la Sainte Eponge, un morceau du Saint Suaire, et un
fragment du manteau de pourpre dont le Christ avait été affublé par dérision.
Dépensant sans compter, Saint Louis entreprit de faire construire une chapelle
reliquaire, destinée à recueillir ces trésors. Il fallait bien un superbe écrin
pour abriter ces saintes reliques.
Menés sans relâche, les travaux sont achevés en 1248. La chapelle haute abrite
les reliques, et c'est là que se retire le roi pour y faire ses dévotions. Elle
est aussi utilisée une fois par an par le Parlement, pour la messe de rentrée
de novembre.
La chapelle basse est réservée au personnel du Palais. Haut lieu de la dynastie
capétienne, la Sainte Chapelle fut, bien évidemment, la cible des
révolutionnaires. Ils détruisirent les sculptures des portails de la façade
occidentale, mais épargnèrent curieusement les statues des apôtres de la
chapelle haute. Remords ?
Un Louvre méconnu
L'entresol et l'étage de la Grande Galerie du Louvre restèrent longtemps vides.
C'est pourtant là que, quatre fois par an, se déroula jusqu'à Charles X, la
cérémonie des écrouelles. Le futur Louis XIII, alors dauphin, y jouait et y fit
même courir un chameau qu'on lui avait offert! Henri IV y exerçait ses chiens
et y organisa même une chasse au renard. Après ces considérations animalières,
en 1609, le Bon Roi Henri y installa en 1609 des logements et des ateliers pour
les artistes et les artisans qu'il employait. Il leur accorda également un
statut spécial, qui leur permettait d'échapper aux contraintes des
corporations.
Un palais maudit
Il ne reste du magnifique château commencé par Philibert de l'Orme pour
Catherine de Médicis au lieu-dit Les Tuileries qu'un vaste jardin, les
pavillons de Flore et de Marsan, ainsi que des vestiges dispersés dans l'Europe
entière. Louis XV puis Louis XVI habitèrent les Tuileries. Les troubles
révolutionnaires y culminèrent avec la mise à sac du château par les émeutiers,
le 10 août 1792. Les Gardes Suisses qui le gardaient y furent massacrés, la
famille royale fut enlevée et transférée à la prison du Temple.
En juillet 1830, le peuple en colère envahit de nouveau les Tuileries, et en
chasse Charles X. Puis, le 24 février 1848, nouvelle révolution: Louis-Philippe
doit s'en échapper par un passage souterrain. Enfin, le 28 mars 1871, les
insurgés de la Commune l'incendient.
En décidant en 1882, de raser les Tuileries, la République voulut exorciser
tout autant l'émeute populaire (on ne sait jamais...), le divorce entre les
Parisiens et le pouvoir, et aussi les fastes monarchiques.
Un coup de canne fatal
L'Hôtel de Jean-Baptiste Lully, le célèbre compositeur de ballets sous Louis
XIV, se situe 45 rue des Petits Champs et 47 rue Ste Anne. Très apprécié de
Louis XIV, Lully collabore avec Molière à des comédies-ballets, tel le
"Bourgeois gentilhomme". Lors d'une représentation, l'Ambassadeur
d'Angleterre à Paris trouva l'un de ses menuets tellement charmant qu'il décida
d'en faire l'hymne de la Perfide Albion.
C'est le "God save the queen" que nous connaissons toujours
aujourd'hui. Merci qui ?
Le conte de fées se termina tragiquement puisque Lully, lors d'une
représentation de son Te Deum, se perfora le pied avec sa canne, en rythmant la
cadence à l'orchestre. L'infection, mal soignée, l'emporta en 1687.
Une église au destin mouvementé
L'église Notre-Dame de l'Assomption, 263 rue St Honoré, a une histoire très
mouvementée; tout d'abord, le projet ne correspond pas du tout aux plans de
l'architecte. En effet, Charles Errard, peintre et architecte de
l"Académie de France à Rome envoie les plans de cette église depuis la
Ville éternelle, où il réside, à l'entrepreneur Chéret, chargé de la
construction. Mais celui-ci ne devait pas apprécier l'esthétique de l'église, car
il n'en fit qu'à sa tête. Le portique à colonnes corinthiennes se trouve alors
écrasé par un énorme dôme. A tel point que les Parisiens ne tardent pas à le
surnommer "le sot dôme". Toujours ce goût pour les jeux de mots. De
plus, Chéret "oublie" la nef et le transept...
A la Révolution, les religieuses qui y résident sont dispersées. Le couvent,
qui s'étendait jusqu'au jardin des Tuileries, est transformé en caserne, puis
vendu comme bien national, et détruit sous l'Empire. L'église, convertie
en magasin de décors de théâtre, devient paroisse jusqu'à la construction de la
Madeleine en 1840. Depuis 1850, elle est dédiée aux Polonais de Paris.
La place des Piques
C'est l'autre nom qui fut donné à la place Vendôme, à la Révolution.
Le 8 août 1792, menées par la pasionaria Théroigne de Méricourt, des femmes
massacrent à coups de sabre neuf prisonniers royalistes, avant de promener
leurs têtes au bout de piques... Ironie de l'Histoire, lorsqu'on abattit la
statue royale de Louis XIV, qui trônait au milieu de la place, celle-ci écrasa
une vendeuse de "L'ami du peuple", le journal de Marat.
Seul le pied de Louis XIV, qui pèse tout de même 150 kilos, a été récupéré, et
il se trouve actuellement au Musée Carnavalet.
Un espion un peu particulier
C'est au 34 rue des Bourdonnais que vécut Léon Pajot. Ce nom ne vous dit sans
doute pas grand chose, mais sachez qu'il était Contrôleur général des Postes de
Louis XIV. Le roi soleil, qui craignait les complots, fit appel à ses talents
pour le tenir informé de tout ce qui se passait dans le royaume. Notre homme
était bien placé pour espionner: il ouvrait tout simplement les lettres
"suspectes" ! Ce qui lui permit, accessoirement, de bénéficier
des largesses du monarque, et de faire fortune !
L'hôtel des étoiles
Le créateur de l'hôtel Meurice, Augustin Meurice, exerçait la profession de
maître de poste; il eut l'idée d'associer l'hébergement des voyageurs à son
activité principale, d'abord à Calais, puis à Paris. Il s'établit au 228 rue de
Rivoli en 1835. La proximité des Tuileries et la Cour y attirèrent toutes les
têtes couronnées. Les rois de Danemark, de Grèce, des archiducs, mais aussi le
sultan de Zanzibar et le maharadjah de Jaipur. Durant la Seconde Guerre
Mondiale, le Meurice fut réquisitionné par l'état-major allemand, sous les
ordres du général Von Choltitz, qui capitula en août 1944, en ayant désobéi à
Hitler, qui lui ordonnait de faire sauter Paris et ses monuments (Paris brûle
t-il ?). Après la guerre, l'un de ses clients les plus assidus fut Salvador
Dali. Le maître laissa un excellent souvenir (et de généreux pourboires) au
personnel, en dépit de certaines excentricités, comme par exemple la
transformation de sa suite en square parisien, ou les coups de pistolet tirés à
blanc sur un troupeau de chèvres amené dans les couloirs de l'hôtel. Depuis, le
Meurice a retrouvé sa sérénité...
Animaux en cage
C'est au Moyen-Age que remonte la tradition animalière du quai de la
Mégisserie. Situé près de la place de Grève (place de l'Hôtel de Ville), où
étaient déchargées les marchandises destinées aux Halles de Paris toutes
proches, les animaux y étaient dépecés (où les ouvriers les faisaient mégir,
c'est à dire en les tannant avec une préparation à base d'alun, d'où le nom de
mégisserie). Le traitement de ces peaux était réservé à la ganterie et à la
pelleterie. C'est cette tradition qui est maintenue, puisque la graineterie
animalière Vilmorin fut fondée en 1775. La création de Clause-jardin,
spécialisée dans la vente de graines, bulbes, végétaux et petit outillage d'horticulture,
remonte à 1794. Les autres magasins animaliers datent des années 1920, 30 et
50.
Les oiseliers du quai de la Mégisserie aiment raconter une anecdote: en mai
1906, le prix des perroquets a enregistré une hausse vertigineuse. Cette
flambée avait une explication fort simple: l'un de ces volatiles, gardien
vigilant de l'appartement de ses maîtres, avait mis en fuite des cambrioleurs
en criant: "Au voleur !".
Le
puits d'amour
A
l'intersection des rues de la Grande et de la Petite Truanderie, au carrefour
d'Ariane, se trouvait le Puits d'Amour. Sous Philippe Auguste, la belle Agnès,
de chagrin s'était jetée dans le puits. Ce lieu devint pèlerinage pour tous les
amoureux et, en 1525, alors que François 1er à Pavie perdait tout fors
l'honneur, un amant éconduit se jeta à son tour dans le puits. Sa maîtresse, se
sentant coupable, vint lui tendre une corde. C'est lui qui fit graver sur la
margelle: "L'amour me refait, en 1525 tout à fait...". Autour de ce
puits, "palace" de l'époque, on y dansait lascivement, on y chantait,
on y aimait. Mais le puits se tarit sous Louis XIV. Restèrent la Grande et la
Petite Truanderie.
Danse
macabre sur les murs
Sous
les charniers du cimetière des Saints Innocents avait été peinte, en 1425, une
immense fresque: "La danse macabre", qui fut détruite au 17è siècle;
des personnages de tous âges et de toutes naissances sont entraînés par la mort
vers leur future et dernière demeure. Une maxime se chargeait de rappeler aux
étourdis que la vie n'est qu'un passage éphémère sur la terre.: "Rien
n'est d'hommequi bien y pense, c'est tout vent, chose transitoire."
Le
jardin des Tuileries, espace festif
Le
jardin des Tuileries, grâce à sa proximité avec l'ancien château, détruit
pendant la Commune de 1871, avait une vocation à accueillir les festivités
royales. La première fut donnée par Catherine de Médicis, pour rendre hommage
aux ambassadeurs de Pologne venus proposer la couronne de leur pays au futur
Henri III. Puis, le 1er décembre 1783, un évènement incroyable s'y déroula, et
suscita la passion des Parisiens: Nicolas Charles et Nicolas Louis tentèrent
une ascension dans les airs, à l'aide d'un ballon gonflé à l'hydrogène. Malgré
l'entrée payante, la foule fut considérable. L'atterrissage eut lieu avec
succès à 30km au nod de Paris, aux environs de l'Isle Adam. Pendant la
Révolution, Robespierre fut le héros de la Fête de l'Etre Suprême, le 20
prairial de l'an II (8 juin 1794).Il y fit un discours retentissant dans lequel
il fustigeait l'athéisme et prêchait l'immortalité de l'âme comme vertu
républicaine ! Pour sa part, Napoléon 1er célébrait dans le jardin des
Tuileries ses victoires, sa fête, la St Napoléon (le 15 août), et
l'anniversaire de son sacre, le 2 décembre 1804.Mais l'évènement le plus
fastueux fut sans conteste son mariage avec la future impératrice Marie-Louise
d'Autriche. Plus tard, son neveu, Napoléon III, y inaugura l'Exposition
Universelle le 10 juin 1867. Enfin, plus près de nous, la première et à
ce jour la seule grande fête républicaine (en dehors de la Révolution) qui fut
organisée en ce lieu fut le célèbre banquet des maires. Le 20 septembre 1900,
22 000 maires de France y participèrent. Les tables s'étendaient sur 7 km ! On
y servit, entre autres: 2 430 faisans, 1 800 canards, 2 400kg de filet de
boeuf, 2 500 poulardes... A l'issue du banquet, le Président Emile Loubet
prononça un discours de réconciliation nationale.
Quand
le Musée du Louvre fut-il créé?
En
fait, l'idée d'un musée regroupant les oeuvres d'art accumulées par l 'Etat
naquit au 17è siècle.Mais c'est grâce au comte d'Angivilliers, Directeur des
Bâtiments du Roi, que le projet vit...presque le jour. Louis XVI souhaitait que
les collections royales fussent exposées au peuple. L'idée prenait corps et
faillit aboutir, mais le processus fut interrompu par la Révolution. Il fallut
attendre une période plus sereine pour que le projet aboutisse enfin. C'est
donc sous le Directoire que le Musée fut officiellement créé. Les oeuvres d'art
"empruntées" aux pays conquis pendant les guerres révolutionnaires ("retirées"
des églises, des couvents, des palais et des châteaux), ainsi que
l'impressionnant butin des campagnes d'Italie, s'ajoutèrent aux anciennes
collections. Et c'est en juillet 1798 qu'un immense cortège transféra toutes
ces collections du Champ de Mars...au Louvre.
Une
encre bien...sympathique
Au
n°115 rue St Honoré, existe encore de nos jours (à l'heure où j'écris ces
lignes) une pharmacie (on disait un apothicaire à l'époque), qui vend toutes
sortes de produits chimiques, y compris l'encre sympathique dont se servait
Axel de Fersen pour écrire à Marie-Antoinette, reine de France...
Gardez
vos oreilles
A
l'angle de la rue de l'Arbre Sec et de la rue St Honoré, la fontaine du Trahoir
fut reconstruite en 1776 par Soufflot, qui copia une oeuvre de Jean
Goujon. Ici débuta la Fronde, le 26 août 1648. la révolte des princes
contre Mazarin et la régente, Anne d"Autriche. Au Moyen-Âge s'élevait une
potence où étaient exécutés publiquement par le bourreau de l'évêque de Paris
les voleurs et les coquins. Certaines peines comme "l'essorillement"
étaient réservées aux serviteurs indélicats. Cela consistait à leur couper les
oreilles. Ce qui faisait dire, à Paris, que posséder deux oreilles était un bon
certificat pour être embauché. Deux gamins qui devinrent célèbres ont joué sur
cette place, et sans doute assisté aux supplices: Cyrano de Bergerac (né rue
des Prouvaires, toute proche, et non à Bergerac) et Molière.
Le
juge et la guenon
Un
tel titre ferait penser à une fable de La Fontaine, ou à une chanson de
Brassens. Eh bien, non, figurez-vous qu'au 12 place Dauphine vivait, au 17è
siècle, un juge qui s'était fait traiter "de vieux singe" par une
plaignante. Le verdict fut rendu en faveur de la plaignante, ce qui entraîna la
réponse du juge "Voyez, Madame, un vieux singe peut être encore utile à
une vieille guenon". Cette plaisanterie fit le tour de la place et même du
quartier pendant des générations.
L'arbre
du 1er mai
Lorsque
vous sortez de la Sainte Chapelle, vous vous trouvez dans la cour du Palais de
Justice, celle qu'on appelle "Cour de mai". Ce nom provient d'un
arbre des forêts royales que les clercs plantaient le 1er mai.
Toute ressemblance avec le muguet serait purement fortuite...
Un
château, ou un théâtre ?
Pendant
des siècles s'élevait, à la place du Théâtre du Châtelet actuel...une véritable
forteresse ! C'est d'ailleurs l'origine de son nom.Construite à la fin du
premier millénaire, elle fut renforcée par Philippe le Bel, et en 1190 devint
le siège du prévôt de Paris. Avec ses deux grosses tours, on l'appelait le
Grand Châtelet, par opposition au Petit Châtelet, élevé sur l'autre rive de la
Seine, à l'emplacement de l'actuelle fontaine St Michel. Peu à peu, la
forteresse perdit son caractère militaire pour devenir le siège de la Prévôté.
On y jugeait en première instance les causes civiles et criminelles. On y
exposait aussi les corps des noyés et des personnes décédées sur la voie
publique. Les derniers bâtiments furent détruits pour percer le boulevard de
Sébastopol.
Un
quai odorant
Le
quai de la Mégisserie regroupe les oiseleurs et marchands d'animaux de tout
poil et de toute écaille de la capitale. Son nom vient des mégissiers, qui
travaillaient la peau. Souvenons-nous que nous n'étions qu'à quelques dizaines
de mètres des Halles de Paris. Là étaient dépecés les animaux destinés à la
boucherie. Leurs peaux étaient traitées par les mégissiers, qui les lavaient
dans la Seine.
Pour mémoire, après avoir abrité des mégissiers pendant plus de cinq
siècles, il s'appela un temps (pendant le Second Empire) quai de la
Ferraille, en raison des nombreux ferrailleurs qui y travaillaient.
Les berges attiraient aussi les bateaux-lavoirs et les lavandières. La rue des
Lavandières Ste Opportune, à quelques mètres du Châtelet, en rappelle le
souvenir.
Gavroche
est mort ici
Gavroche,
l'archétype du gamin de Paris immortalisé par Victor Hugo dans les Misérables,
an eu pour modèle un adolescent qui aurait trouvé la mort dans un café de la
rue Mondétour, aujourd'hui disparu. Pendant les émeutes du 6 juin 1832, une
balle perdue lui ôta la vie.
Le
coin de la rue
En
1833, rue des Bons Enfants, s'ouvrit un magasin de nouveautés: "Le coin de
la rue". Le concept était novateur pour l'époque, c'était en fait
l'ancêtre des Grands Magasins. Une des vendeuses, Louise Jay, devait épouser Ernest
Cognacq, et fonder avec lui...La Samaritaine.
On a
volé le canon !
Dans
les jardins du Palais-Royal, une petite statue cachait un canon. Depuis 1786,
il sonnait à midi,, grâce à un système de loupe convergeant vers une mèche.Au
20è siècle, cet ingénieux système avait été remplacé par la main de l'homme. Un
gardien mettait à feu le canon de la façon la plus pacifique qui soit, chaque
jour à midi. Sur le bronze de son fût, on avait gravé "Hora non numero
nisi serenas" (Je ne compte que des heures sereines), ce qui ne fut
vérifié que pendant 3 ans. La Révolution Française naîtra en effet dans ces
jardins... Epilogue de l'histoire du petit canon: il fut volé en 1998. Plus
personne ne sonne midi depuis, dans les jardins du Palais-Royal...
Il ne
faut jamais narguer un Français...
Dans
la galerie de Beaujolais, se trouve le café Véry, au numéro 86. Remontons
quelques siècles en arrière. Nous sommes en 1814, après la première abdication
de Napoléon 1er. Le café était devenu le rendez-vous des Alliés, et officiers
autrichiens, russes, anglais et prussiens venaient souvent s'y retrouver. On
dit que Blücher, grand ennemi de l'Empereur, y perdit un jour au jeu un million
et demi de l'époque...Mais l'anecdote la plus pittoresque est sans doute
celle-ci: un duel eut lieu après qu'un officier prussien eut commandé "un
café, dans une tasse où un Français n'avait jamais bu !" On le lui
servit...dans un pot de chambre !
Une
galerie pleine de curiosités
La
galerie de Montpensier présente la particularité d'avoir abrité au n°4, le café
Corazza, cèlèbre pour son chocolat. C'était le rendez-vous des Jacobins, à la
fin de la Révolution, avec un habitué nommé...Bonaparte. Au n°17, l'ancêtre du
Musée Grévin, "Le Cabinet des figures de cire", disparu en 1847. Au
n° 32, "Le Temple du Goût", où les officiels achetaient leurs
chapeaux, au milieu du 19è siècle; Au n°44, "Le Cabinet de physique et de
mécanique", sorte de cabinet d'attractions et de curiosités. Au n°54,
l'Italien Castagna, à la fin du 18è siècle, présentait un spectacle de
marionnettes, deux fois par jour, "I Fantoccini" Des n°57 à 60, Le
Café de Foy, où Camille Desmoulins, le 13 juillet 1789, tint un discours exalté
pour exhorter les Parisiens à se manifester, une feuille de marronnier à la
main, perché sur une chaise. Au n°65, s'était installé le célèbre glacier
Tortoni.
La
première féministe a mal fini
Si
vous passez devant le 270 de la rue St Honoré, vous y verrez une plaque qui
rappelle au promeneur le souvenir d'Olympe de Gouges. Ce nom ne vous dit
peut-être rien, mais c'était l'égérie des féministes, pendant la Révolution
Française. Elle écrivit, en 1791, un essai, "La déclaration des Droits de
la femme et de la citoyenne". Elle habita cet immeuble, car elle siégeait
à la Constituante. Son courage ne lui porta pourtant pas chance. Elle fut
guillotinée en 1793 pour "offense à la souveraineté du peuple". Sans
commentaires...
L'avenue
de l'Empereur
L'avenue
de l'Opéra, conçue en 1854 sous le règne de Napoléon III, s'appelait tout
naturellement Avenue Napoléon, jusqu'en 1873, date à laquelle la République,
qui n'aimait ni les rois ni les empereurs, décida de la rebaptiser. Autre
anecdote: il a fallu araser une colline pour percer l'avenue. En effet, la
Butte des Moulins, à l'emplacement de l'actuelle place André Malraux (en face
de la Comédie Française), empêchait les Parisiens de profiter de la perspective
de l'Opéra de Paris. Les moulins qu'elle abritait furent transférés à
Montmartre, une autre butte, qui perdure, celle-là. Paradoxalement, l'avenue de
l'Opéra ne connut guère de succès jusqu'à la fin du 19è siècle, et ne connut la
notoriété qu'à la faveur de l'Exposition Universelle de 1900. Il faut
dire que les travaux ne s'achevèrent qu'en 1879.