Veganisme
: et si on en parlait ?
Les Vegans... ça fait un petit bout de temps qu'on en entend parler... et
qu'ils font parler d'eux. Ils défendent la position selon laquelle l'homme peut
vivre tout à fait bien en ne mangeant AUCUN produit issu de la production
animale : viande, produits laitiers, œufs, produits des ruches, ... Tout y
passe : aucun de ces produits ne trouve grâce à leurs yeux.
Ils appuient leurs convictions alimentaires selon moi sur deux
piliers : des sources scientifiques soulignant les méfaits sur l'organisme de
la consommation (excessive ?) de produits animaliers, que je suis tout à fait
disposé à écouter avec intérêt... et leur supériorité morale quant à la
souffrance animale. De ce point de vue là, j'ai un peu plus de mal. Développons
plus avant.
Veganisme et science : ces vérités inquiétantes
Mon premier contact avec l'univers vegan s'est fait par ma cousine, qui l'est
progressivement devenue suite à une prise de conscience
"émotionnelle". Je voyais ça d'un œil sceptique : « Pourquoi
elle ne mange plus de viande ? » « Pourquoi elle partage des tas
de photos de bébés animaux sur facebook ? » « Pourquoi est-ce
qu'elle se contente pas de tenir un journal intime au lieu de tout le temps
revenir avec ça sur facebook ? » et j'en passe.
Mais bon, tolérant dans l'âme, j'ai quand même posé quelques questions,
discuté, parce qu'il devait bien y avoir autre chose que l'amour des bébés animaux
pour la motiver, 'faut arrêter deux secondes de faire dans le pathos larmoyant
et avancer de vrais arguments... et les discussion ont commencé : si j'ai
été clair sur le début sur le fait que je comptais toujours manger de la
viande, j'ai toute fois écouté ce qu'elle avait à dire sur le sujet avec
attention.
Arrivé à un moment, se rendant compte que j'étais assez ouvert pour un
carniste, elle m'a prêté un livre que certains doivent connaître ici :
« Faut-il manger les animaux ? » de Jonathan Safran Foer. Bon,
l'auteur fait un peu dans la caricature du Juif libéral Côte Est, si vous voyez
ce que je veux dire. Cependant, ce livre très bien écrit qui ne s'en prend pas
ouvertement aux « carnistes », mais explique sur des bases éthiques,
écologiques, économiques et scientifiques le désastre qu'est la
sur-consommation de viande. Et les arguments scientifiques sont les plus forts.
Nous mangeons TROP de viande BOURRÉE d'antibiotiques et autres produits
non-naturels potentiellement toxiques. Depuis qu'un tel régime alimentaire a
été atteint, on remarque une explosion des maladies cardiaques, du diabète,
d'ostéoporose, AVC, cancers, et j'en passe. Avec les quantités irraisonnées de
viande industrielle qu'on ingurgite, on s'empoisonne.
De l'autre côté, une alimentation avec moins de produits animaux, d'élevage
respectueux ou mieux, une alimentation SANS produits animaux est manifestement
bien meilleure pour la santé que ce qu'on mange actuellement : moins de
diabète, de maladies cardiovasculaires, cancers, et j'en passe. Et
contrairement aux idées reçues, ça peut être très bon et fait correctement ne
comprend pas de carence. Donc du point de vue médical, le veganisme emporte la
palme.
Veganisme et éthique : ce que je cautionne et ce que
je cautionne moins
Attaquons maintenant l'éthique. Ce point là est plus sensible pour moi. En
fait, ce point se voit de deux manières pour moi : les problèmes éthiques
posés par l'industrie animalière et l'attitude vindicative de pas mal de vegans
que je considère comme étant une méthode hypocrite pour satisfaire des égos mal
placés (« Mangeur de viande ! Assassin lobotomisé ! Moi je suis
pur ! Pas toi ! »).
Concernant l'éthique animalière, lire « Faut-il manger les
animaux ? » m'a fait me rendre compte que ce que ça représente :
des animaux génétiquement modifiés élevés dans des conditions atroces, souvent
torturés par des éleveurs rendus fous par leurs conditions de travail, entassés
les uns sur les autres, aux becs coupés, dents arrachées, enfants retirés de
force, ... ce bouquin n'est pas forcément à lire quand on mange. Ça dérange. Si
je reste omnivore, ces questions me travaillent. Petit, j'ai déjà vu mon
grand-père tuer un lapin et le dépiauter. Y'avait du sang, on l'a cogné contre
un bord de table, mais y'a pas eu de cruauté excessive. Ça a été propre, net et
sans bavure. De la même manière, il nous arrivait de tirer à la carabine sur
des pigeons qui passait par dessus le jardin (merci la grande baraque au gros
domaine!) et d'éventuellement les bouffer. Ces types de chasse et d’abattage ne
m'inspiraient pas un dégoût particulier : ça reste net, correct et rapide,
sur des animaux ayant eu une vie normale et n'ayant pas souffert avant.
Tout ça me sert à introduire pour moi ce que j'appelle le coup éthique de la
viande, que j'ai développé depuis que je suis familiarisé au veganisme. Pour
moi, manger de la viande reste un plaisir. Cependant, j'ai décidé de prendre un
compte un certain coût éthique, qui se traduit par la question suivante : « quel
niveau de souffrance animale suis-je prêt à tolérer pour la viande dans mon
assiette ? ».
Dit autrement, je considère que passé un certain stade de souffrance dans
l'élevage ou l’abattage, la viande dans mon assiette n'en vaut pas la peine.
Qu'on élève des animaux pour leur viande et qu'on doive les tuer pour ça, je
l'admets. Que ça cause un stress chez eux aussi. Que des fois il y ait des
ratages et qu'on doit s'y reprendre à deux fois, ça arrive. Que tuer un animal
ça projette du sang... bah, c'est normal. Cependant, je considère que rien de
tout ça peut justifier le traitement fait aux animaux dans les grandes
compagnies, qui, soulignons-le, cherchent plus à faire du profit qu'à nourrir
(correctement) les gens ; ces même compagnies, entre autre, s'arrangent
pour payer leurs « recherches » et pour mettre leurs pions dans les
comités fantoches du surveillance éthique. Je considère que tout le coût de la
souffrance animale issue de cette machinerie ne vaut pas la viande dans mon
assiette.
De ce point de vue là, je considère que le veganisme a eu une influence
prépondérante sur moi, et en bien. Quand je suis dans mon studio, je mange très
peu de viande, utilise du lait de soja dans mon café et mon muesli et toutes
des choses ainsi : la viande est mangée en très faible quantité et issue le
plus possible de ce qui est bio (à défaut d'être sûr que les conditions
d’élevage ont été correctes).
Pour faire un lien avec le second point de mon propos, je vais émettre une
hypothèse sur la cause émotionnelle par laquelle on deviendrait vegan. Selon
moi, nombreux sont les gens qui ne font pas le lien entre la viande découpée
dans leur assiette et le fait que c'était avant un animal sur deux ou quatre
pattes qui avait une vie (d'ailleurs, je pense que l'industrie agro-alimentaire
fait beaucoup pour qu'on ne voit pas ce lien) et quand il s'en rendent
comptent, c'est le choc : « Mon Dieu ! On a tué un mignon petit
cochon pour ma viande ? Mais c'est affreux ! C'est inhumain !
C'est horrible ! Je ne puis supporter ça, plus de viande ! Bande de
monstres ! » ». Bon, je caricature, mais l'idée est là ;
alors que pour moi, ce qui importe dans la consommation de viande, c'est de
prendre conscience de cette réalité, pour essayer d'adopter, si on choisit de
continuer à manger de la viande (ce qui est mon cas, bien qu'idéalement je ne
devrais plus en manger du tout), une consommation la plus respectueuse
possible.
Là où les vegans me posent problème, c'est quand on tombe sur les braillards,
ceux qui appellent tout le monde criminels, méprisent les autres, disent haut
et fort qu'ils ont raison, contrairement à tous ces carnistes dégénérés. Ces
gens, ils me les gonflent. Sérieusement. En fait ils sont comparables à
certain-e-s féministes : gueuler et refuser le dialogue, quand bien même
ils ont potentiellement raison sur énormément de points. Ces gens n'agissent
pas seulement par fanatisme, mais aussi, et surtout, pour moi, pour redorer
leur petit ego : enfin ils trouvent de quoi se faire valoir, être
tellement différent, tellement beau et fort, contre tout ce méchant monde. En
fait, ces gens se coupent du monde pour se donner l'image de gens tellement
géniaux que le monde ne méritent pas et en fin de compte ne font rien avancer.
Non, pour moi, si on veut vraiment faire changer les choses (et non se faire
mousser), il faut savoir mettre son ego de côté, comprendre que tout le monde
ne soit pas naturellement vegan et dialoguer, aller outre les étonnement et
expliquer son point de vue de manière calme et relaxée : c'est le meilleur
moyen de toucher sur le long terme et durablement les gens qui commenceront
alors à réfléchir. Bon, à côté, il reste une minorité de cons et d'obtus, mais
on ne peut rien faire pour ces gens.
Veganisme et moi : ma position
Globalement, me familiariser au veganisme m'a fait prendre conscience de pas
mal de choses que j'ignorais. Si je considère qu'il n'y a pas de mal, en soi à
manger de la viande, je considère pour de nombreuses raisons qu'on en mange
trop, trop souvent et trop souvent maltraitée de son vivant. J'ai eu une grosse
remise en question quant à mon alimentation et essaie de consommer plus
responsable, selon les critères que je considère valides de cette
responsabilité.
Ma position est-elle celle du tiède qui s'engage, mais qu'à moitié, je ne crois
pas : chacun doit selon moi agir en accord avec ses convictions sur le
sujet et surtout sa responsabilité individuelle quant à lui-même dans un
premier temps et sur le reste du monde, accessoirement. Pas que je vais cracher
à la gueule des gens qui mangent beaucoup et souvent de la viande. Pas du
tout : ils restent humains et même s'ils n'ont pas mes convictions, je me
dois de respecter leurs choix (tant qu'on ne me marche pas au travers de la
gueule).
Je considère qu'il est important, d'informer, de questionner, mettre en
question. Pour moi, c'est comme ça qu'on fait bouger les choses, en faisant
réfléchir les gens qui ont quelques neurones aptes à cet exercice de haut vol
cérébral. Je suis radicalement opposés à ceux qui voudraient imposer quoi que
ce soit par voix légale, par l'État : l'imposition unilatérale de choix
par l'État est pour moi antidémocratique et ne fait que braquer les gens. En
dehors des fonctions régaliennes et de certaines influences sur l'économie par
la législation et la prise en charge des plus démunis, l'État devrait
intervenir le moins possible dans la vie des gens. La seule méthode légitime de
parvenir à faire passer un message reste la communication, parler, parler
encore et favoriser les initiatives privées, notamment de restaurants qui
proposeraient un plat végétarien un midi par semaine, de leur propre chef.
Quant à la viande, je ne laisserai jamais vraiment tomber, j'aime ce goût,
cependant, j'essaie de faire en sorte que ça devienne une petite gourmandise,
un petit bout de temps à autre que j’apprends à apprécier et déguster, à plus
forte raison que j'ai maintenant bien conscience que c'était vivant il n'y a
pas si longtemps que ça. Et j'assume les mauvais côtés de cette consommation
peut avoir sur moi : je sais à quoi je m'expose potentiellement et accepte
les risques.
Veganisme : et vous ?
Me voilà arrivé à la fin de mon témoignage sur le veganisme. Maintenant,
j'aimerais savoir, c'est quoi votre position ? Vous en pensez quoi ?
Quelle est votre position par rapport à la viande ? Vous en mangez
beaucoup ? Ou pas ? Pour quelle raison ? Vous voyez-vous devenir
vegan ou pas ? Je suis curieux de lire vos avis