veganisme6; débat
1 Nous sommes conditionnés pour manger
de la viande. Acheter une barquette de blancs de poulet est un acte banal,
quotidien, désanimalisé, innocent. Innocent ?
2. En y
pensant simplement, avons-nous fait le choix délibéré de manger de la viande –
et plus largement des produits animaux ? N’est-ce pas juste par habitude ? Par
goût – et on ne sait que trop bien à quel point le goût est culturel ? Parce
que tout le monde s’en nourrit ? Parce que c’est comme ça et c’est tout ?
3 Lorsque l’on décide de ne plus
manger d’animaux et que l’on en parle autour de soi, des mauvais arguments contre le végétarisme,
on en entend beaucoup. Tout le monde ne sait pas y répondre ; parce que parfois
on devient d’abord viscéralement végétarien avant de s’intéresser à, disons, la
théorie.
Parfois, c’est l’inverse. Ce sont
les livres, les documentaires, les discussions et tous les discours de
l’éthique animale en fin de compte qui nous poussent vers le végétarisme. Dans
ce second cas, on est mieux armé contre la critique.
4. Darwin
écrivait en 1838 dans son Notebook B. :
« Les animaux dont nous avons fait nos esclaves, nous n’aimons pas les
considérer comme nos égaux »
5. Si autrefois, manger de la viande
nous était inévitable par certains aspects – conditions climatiques
ou mode de vie nomade pour ne citer que ces deux exemples –
aujourd’hui, il est compliqué de se réfugier derrière l’argument de la
survie.
On proclame donc que l’on est fait pour manger de la viande, c’est normal,
c’est naturel, c’est nécessaire. La fameuse règle des trois N de Mélanie Joy.
6. les espèces que l’on mange
vont s’éteindre
L’ironie
du sort de cet argument visant à assurer le maintien en vie d’animaux destinés
à être mangés, c’est que l’élevage intensif participe de la disparition de centaines
d’espèces par an notamment à cause de la déforestation – pour avoir toujours
plus d’espace pour cultiver des végétaux qui nourriront les animaux que nous
mangerons ensuite – détruisant ainsi l’habitat d’une faune variée.
7. question de
protéines : la réputation que celles d’origine végétale sont de
moindre qualité comparativement aux protéines animales, prétendument,
essentielles au bon équilibre de notre régime alimentaire.
Il est vrai que la
protéine contenue dans la chair animale est plus facilement assimilable par le
corps humain – si l’on voulait manger des protéines
hautement assimilables, il faudrait devenir anthropophages : ça tente quelqu’un
? L’organisme des animaux que nous consommons fait le travail à notre place en
synthétisant les acides aminés ; ainsi, en mangeant sa chair, on retrouve 8
acides aminés essentiels qui sont par ailleurs dans les végétaux.
Globalement, aujourd’hui, nous mangeons
trop de protéines. Dans ce
rapport de l’OMS(à la page 23), nos besoins quotidiens en protéines sont
estimés entre 0,6 g/kg et 0,8 g/kg. Si on pèse 60 kg, on aurait donc
besoin en moyenne de 50 grammes de protéines par jour. On y arrive vite. Très
vite – même avec des végétaux.
Enfin, demeure le problème de la vitamine B12, la seule que l’on ne trouve pas dans les végétaux. Nous
n’en avons pas besoin de beaucoup, mais il nous en faut quand même car elle est
indispensable pour fabriquer des plaquettes ainsi que des globules blancs et
rouges. La vitamine B12, on la trouve dans le jaune d’œuf et dans la viande
mais les animaux destinés à la consommation, sont eux-mêmes supplémentés car ils sont
incapables de la fabriquer eux-mêmes.
Vous l’aurez donc
compris, ni la chair animale,
ni les produits animaux nous sont indispensables pour être en bonne santé.
En France, les
lobbies ont à ce point la dent dure que la viande continue d’être
largement recommandée, voire carrément imposée dans les cantines scolaires.
Mais en
fait… Si les plantes souffraient réellement d’être cueillies, puis mangées ;
qu’est-ce que cela changerait ? Ça soulagerait notre conscience, tout le monde
souffre alors allons-y gaiement, il faut bien manger ?
9. La France est le troisième
importateur mondial de soja brésilien. Et vous l’avez compris, ce
n’est pas pour nourrir les végéta*iens. Par conséquent, si l’on a vraiment
envie de ne pas [trop] participer à la déforestation, le mieux est justement de
réduire sa consommation de viande voire de ne plus en manger du tout.
Une provocation pure et simple que de
nombreux végéta*iens ont dû au moins entendre une fois depuis qu’ils ne mangent
rien d’autre que du quinoa et des lentilles – bah c’est vrai, quoi d’autre
?
C’est l’argument
du pauvre par excellence. Pourquoi certains omnivores se
sentent-ils toujours obligés, à un moment donné, de dire : ah nan mais moi, la viande, j’aime trop ça. Rien que d’en parler, j’ai envie d’un poulet grillé.
11. Voici l’alibi historique, le plus anti-progrès qui soit, car justifier nos comportements modernes en
nous référant à l’homme préhistorique, on a rarement vu position plus
conservatrice. L’eau a coulé sous les ponts quand même depuis nos
premiers ancêtres.
D’ailleurs, il est intéressant de noter que les
Australopithèques, il y a un peu plus de 3 millions d’années, mangeaient essentiellement
des plantes et des racines, à l’occasion des insectes et des petits animaux.
Nous sommes des cueilleurs avant d’être des opportunistes charognards – coucou
l’Homo habilis.
La chasse n’est arrivée
qu’avec l’Homo erectus – ceux qui ont découvert le feu qui a servi
certes à cuire la viande mais aussi les céréales qui étaient peu consommées
jusque là – et c’est finalement l’homme de Neandertal qui remporte la palme du
carnivorisme. Pourquoi ? Tout simplement car dans les régions où il vivait, les
végétaux poussaient difficilement. Il a donc bien fallu s’adapter.
Puis avec le néolithique,
l’homme est devenu pleinement chasseur-cueilleur en se sédentarisant, en
cultivant les terres, en domestiquant certains animaux, puis en inventant des
outils pour chasser.